Quand l’État policier sort les crocs…

Communiqué du 25 février 2019

Depuis plus de trois mois les gilets jaunes et les gens qui partagent leur esprit de révolte foutent le bordel un peu partout, réclamant avec colère des conditions de vies moins pourries pour elles et eux.

Nous luttons contre un Etat capitaliste et meurtrier, nous refusons de nous soumettre à une exploitation quotidienne sans broncher.

La police fait son sale travail chaque samedi. Ce qu’ils nomment « maintien de l’ordre », consiste à essayer de faire plier les manifestants par la violence. Depuis de le début, la police a blessé, mutilé, tabassé passant.es et manifestant.es et allant jusqu’au meurtre de Zineb Redouane.

L’acharnement des flics ne s’arrête pas dans la rue. Cela continue dans les commissariats, les bureaux d’enquête, les tribunaux, les prisons.

Démonstrations de force, menaces permanentes et inquisitions…

Répression coup de poing …

L’état veut réaffirmer son pouvoir à travers des démonstrations de force,voilà quelques affaires marquantes :
Le 8 Janvier à Bessan 46 personnes sont arrêtées et détenues en garde à vue jusqu’à 96h, depuis 12 personnes sont en détention provisoire. Elles sont réparties dans différentes taules de la région, soit disant pour empêcher la concertation, même si on sait que c’est pour faire galérer les proches qui doivent se taper parfois plus de 2h de bagnole pour un parloir de 45 mn. On leur reproche l’incendie d’un bâtiment du péage.
Le 10 janvier à Pont-à-mousson, à 6h du matin une équipe du Raid s’abat dans l’appartement d’un gilet jaune pour le tirer du lit et l’embarquer.
Il est suspecté d’avoir retourné une voiture de flic à Epinal.

Le 6 février à Toulouse, 60 flics perquisitionnent deux domiciles suite à la mise en examen d’une personne fichée anarchiste. Pour la possession d’une clef PTT, et son un refus du fichage, dans le cadre d’une association de malfaiteurs.
Le 19 février à Rennes, des équipes du raid sont lâchés pour arrêter deux personnes,elles passeront un peu moins de 48h en garde à vue avant d’être « libérées » avec un contrôle judiciaire et un procès en attente.
Accusées de dégradations.
Le 21 février à Ivry une quarantaine de keufs sont envoyés dans les domiciles de 6 lycéens, entre 24h et 36h de garde à vue pour des tags dans un lycée.
Le 22 février à Toulouse, 8 personnes sont interpellées et leurs domiciles perquisitionnés. Elles feront 48h de garde à vue. Après un passage devant le juge d’instruction , elles sortent avec un contrôle
judiciaire. On leur reproche leur participation au mouvement et l’instruction vise à les assimiler à une association de malfaiteurs.

… et également insidieuse…

En plus de ces démonstrations de violence physique, la justice tente d’instiller doucement mais sûrement l’isolement avec la mise en place de peines fermes mais sans mandat de dépôt, des interdictions de territoire, des contrôles judiciaire poussant les personnes à s’auto
fliquer, forcer les gens à pointer au commissariat, des interdictions de manifester, des amendes… Des convocations pour « une affaire vous concernant ».

Les histoires médiatiques ‘bon grain mauvais grain’

A Toulouse La Dépèche et les juges mettent le paquet sur les anarchistes, l’extrême-gauche, etc…(faisant référence à des idéologies existantes ou totalement fantasmées) . En conséquence, des maisons sont
surveillées (voitures banalisées avec des renseignement généraux oreillettes et talkies bien en vues les samedis matins) et des personnes harcelées ( contrôles d’identité, fouilles à répétition).

Parce qu’un monde sans responsable échappe à leur contrôle, ils cherchent à créer des catégories.

Les médias bourgeois créent des représentations : le gilet jaune blanc comme neige manipulable, l’ultra-gauche « radicalisée » dirigeant et pilotant le mouvement, les casseurs opportuniste dénués d’idées
politiques… Ce classement des gens est méprisant, mensonger et dangereux pour la lutte. Il ne sert que l’intérêt de ceux qui veulent nous briser.
C’est pour créer la division, la dissociation et donc fracturer le mouvement en catégories artificielles.

Ils sortent leurs armes…

Ces tours de force et de passe-passe montrent que l’Etat répond toujours à la colère par la répression. Pour installer la peur et la panique dans nos têtes, isoler les gens et diviser le mouvement. Ils déploient leur un attirail visant à faire paniquer et à calmer la joie de la révolte qui brûle en nous.

…On sort les boucliers

Dans la rue les banderoles se renforcent, les manifestant.es apprennent à se protéger (masques, lunettes, casques…) et à rester uni.es. Malgré les coups durs on continue de sortir gueuler nos colères, d’occuper les ronds points malgré les amendes et parfois la destruction des cabanes.
Le reste de la semaine, les gens partagent leurs histoires et s’organisent pour ne pas se laisser isoler. Le mouvement est toujours aussi incontrôlable parce qu’il refuse toute hiérarchie.
Le soutien aux prisonnier.es se met en place.

Notre réponse: amplifier la lutte, rester solidaires, garder le cap!

 

Bilan decembre janvier fevrier 2019 #1

Dès le début du mouvement gilet jaune, on assiste à une forte vague de répression policière et judiciaire. A l’heure actuelle à Toulouse, plus de 200 personnes ont été placées en garde à vue, une centaine de personnes est passée devant la justice que ce soit par le biais des procédures de comparution immédiate ou de convocations à une audience ultérieure. Enfin, une trentaine de prisonniers GJ est incarcérée au centre pénitentiaire de Toulouse-Seysses.
C’est dans ce contexte que la commission défense collective a vu le jour afin de s’organiser contre la justice et mettre en œuvre notre solidarité avec les inculpés. La DC a ainsi tenté de suivre les suites des nombreuses interpellations en faisant un suivi des audiences, notamment de comparution immédiate.

Entre le 10 décembre et le 10 février, on a pu faire différents constats sur les poursuites et les peines prononcées :

SUR LES PRINCIPAUX CHEFS D’INCULPATION :

Pour les 80 affaires* jugées en comparution immédiate, les personnes présentées étaient poursuivies pour (des qualifications les plus souvent retenues aux moins fréquentes) :

Participation à un groupement formé en vue de commettre des violences
ou des dégradations
(presque systématique).
Violences sur personne dépositaire de l’autorité publique (généralement
sans ITT ou au maximum avec des ITT de moins de 8 jours)
Dégradation ou détérioration de biens destinés à l’utilité publique
Port d’arme
Rébellion
Outrage
Dissimulation du visage
Refus de signalétique et refus de prélèvement ADN

Des personnes ont également été placées en détention provisoire dans l’attente de leur procès, soit parce qu’elles avaient demandé du temps pour préparer leur procès en comparution immédiate (à juste titre), soit parce que l’affaire ne pouvait pas être jugée notamment en raison de la grève des avocats du 16 janvier, où la plupart des inculpés ont été expédiés en taule jusqu’à ce que leur affaire soit audicencée.

SUR LES PEINES PRONONCES

Les peines prononcées sont lourdes au vu des faits reprochés et des éléments figurant au dossier. Il est évident que la répression ne vise qu’à dissuader et affaiblir le mouvement. Par exemple :
– 2 ans ferme (fabrication d’explosif), 2 ans dont 15 mois avec sursis (participation à une groupement+ violence + port d’arme)
– Une moyenne de 4 à 12 mois de prison dont la moitié avec sursis pour
participation + port d’arme
– Une moyenne de 6 à 12 mois de prison dont la moitié avec sursis pour
participation et violence sur PDAP
– Beaucoup de condamnation au paiement de dommages et intérêts pour les keufs: en moyenne 500€ par flic (parfois 7 flics dans la même affaire donc 500 x 7…) + sans compter le remboursement des frais d’avocat des flics (500€).
– de nombreuses interdictions de manifester/de manifester à Toulouse/de manifester
en Haute-Garonne pendant 1 à 5 ans
– Des interdictions de Toulouse pendant 6 mois à 2 ans
– Des interdictions systématiques de port d’arme pendant 5 ans (lorsque les personnes sont condamnées pour port d’arme)

– De très rares relaxes et souvent partielles (relaxes sur participation à un groupement et condamnation sur les violences).

De nombreuses peines de sursis avec mise à l’épreuve ont également été prononcées, souvent assortissant une peine de prison ferme (avec ou sans mandat de dépôt). Dans le cadre de cette mise à l’épreuve mais aussi en tant que peine, les juges ont distribué beaucoup d’interdictions, notamment la fameuse interdiction de manifestation et/ou interdiction de paraître à Toulouse et/ou en Haute-Garonne. Pour les personnes ne résidant pas à Toulouse cette interdiction était quasi systématique, notamment pour les personnes interpellées en manif et inculpées de « participation à un groupement… ».

La répression vise clairement à affaiblir le mouvement, en s’acharnant sur les camarades interpellées mais aussi en faisant flipper tous les autres GJ.Ne nous laissons pas intimider, amplifions la lutte et restons solidaires.

Le texte en .pdf: bilanDC-26.02

 

Plus d’infos et de ressources ici: defensecollectivetoulouse.noblogs.org

*Chiffre approximatif

« Pourquoi je me bats », Lettre reçue d’un prisonnier

Lettre reçue de la part d’un prisonnier :

Il y a aujourd’hui le danger d’un nouveau choc explosif entre les puissants, et les faibles qui ne supportent plus de l’être, entre les possédants et les possédés révoltés des inégalités, entre les quelques uns qui écrivent l’histoire et les nombreux qui se voient conter leur propre récit, sans réussir à rendre audible leur contestation face aux déformations. Comme dans ces cauchemars où l’on rêverait de pouvoir hurler son désespoir à pleins poumons, mais où aucun son ne se fait entendre. Ce cri est étouffé par la différence de capacité de communication, entre une petite part de la population, qui profite des avantages d’être un nombre réduit richement équipé, pour coordonner leurs actions, et entre une large partie de la population, desservie d’être une masse mouvante tant sur les points culturels que philosophiques, et qui peine à se voir et à se sentir, à définir les limites de son corps et de ses désirs. Et qui, tel un aveugle sonné par une ambiance sonore chaotique, suit une puissante voix qui se détache de la multitude, et qui semble si forte et si sûre d’elle.

Les médias sont le socle de cette voix dirigiste, preuve en est de la possession par les puissants des différents secteurs de l’information, qui s’auto-définissent constamment comme contre-pouvoir libérateur, comme si l’univers ne les avait constitués que de vertus et qui, en France, se targuent de suivre sans discontinuer les valeurs républicaines, comme si une république était un être pur, inaltérable et totalement imperméable à la corruption et au pourrissement de ses institutions, comme si le droit républicain avait remplacé le droit divin. Et cette puissance médiatique martelant chaque jour sa légitimité et son indéniable honnêteté dans un discours assourdissant, fini par créer une réalité difforme qui veut supplanter sans compromis la vision simple et naturelle des citoyens assujettis, témoins légitimes de leurs propres expériences, de leurs propres souffrances.

Gorgé d’orgueil par leur omniprésence qui se voudrait tout autant omniscience, cette puissance insiste, avec une douteuse innocence, sur la clairvoyance intellectuelle d’élite éduquée, pour écraser sa principale concurrence qu’est la pensée populaire, décrite comme banale et fade, à la limite de la stupidité, à qui il faut, dans une urgence permanente, proposer une solution à sa crise, à son manque d’argent, qui serait forcément le reflet de son manque de membres intelligents.

Se focalisant sur les erreurs d’un peuple qui peine régulièrement, presque constamment, à formuler de façon intelligible les interrogations et les réponses aux sujets d’inquiétudes de son passé, de son présent et de son avenir souhaité et potentiel, le pouvoir médiatique dénigre volontiers la quasi-totalité de ses individualités. Quand, dans le même temps, elle qualifie les violations flagrantes de sa déontologie comme de simples et bénignes dysfonctions, qui ne sauraient provoquer aucun procès pour manipulation, ce qui est parmi le plus sacré, ce qui forme les esprits forts et indépendants, la nourriture intellectuelle, l’information et la nécessité indispensable qui va avec, de ne pas tromper, et égarer ses semblables les plus influençables, dans un monde déjà suffisamment complexe.
Loin de ce texte l’envie de vous faire croire que l’indignation face à cette situation est une source récente du mécontentement de foules dominées. Déjà en 1860, Gustave Flaubert, témoin d’une époque française bouillonnante d’envie de justice sociale, écrivait à propos des mouvements sociaux révolutionnaires de 1848 :

« Rien de tout cela ne serait arrivé si on protégeait mieux l’agriculture (entendons ceux qui travaillent aux tâches essentielles), si tout n’était pas livré à la concurrence, à l’anarchie, à la déplorable maxime du « laisser faire, laisser passer » ! Voilà comment se constitue la féodalité de l’argent, pire que l’autre (la traditionnelle féodalité politique) ! Mais qu’on y prenne garde ! Le peuple, à la fin, se lassera, et pourrait faire payer ses souffrances aux détenteurs du capital, soit par de sanglantes proscriptions, ou par le pillage de leurs hôtels. »

Les agences bancaires d’aujourd’hui remplaçant les hôtels d’hier, et les gilets jaunes symbolisant les accidentés de la longue route du progrès, exténués de se voir faire la leçon par ceux qui considèrent que le monde se divise simplement entre les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien. Ces accidentés finissent par comprendre que la réussite totale ne se fera que collectivement, ou continuera à n’être qu’une succession d’échecs partiels, en attendant l’inévitable échec collectif total.

« Affabulateur, catastrophiste, arriériste ! » crieront certains. Ils se battront corps et âmes pour défendre un pain fait de blé de sang, construit sur la destruction. Ils affirmeront haut et fort que la misère, la famine, la pollution, sont dûs au fait que l’on est malheureusement pas allés assez loin, pas allés assez fort, dans la voie consumériste qui s’acharne jour après jour, heure après heure, à nous présenter comme étant la seule alternative viable, la seule opportunité de sauver un monde qui a entamé une sixième extinction des espèces par un simple hasard d’un calendrier déployé sur des milliards d’années.

Quand à propos de cela on leur dit qu’on ne veut plus les suivre car on a peur de perdre ce que l’on a, la réponse des maitres est cinglante : « vous avez peur de perdre ? Mais les patrons peuvent tout perdre eux ! » S’exclament-t-ils, comme si l’employé avait, entre lui et la misère, un tampon autre que son travail incessant et inarretable. Les employés ne peuvent rien perdre selon eux, car n’ayant rien, l’argent semblant être tout, il n’ont logiquement rien à perdre, pas de logement, pas de toit, pas de nourriture, pas d’eau saine, pas de lit confortable pour s’effondrer après une longue journée de travail, pas de famille et pas d’avenir digne d’être vécu.

Et c’est avec cette spontanéité qui est, elle, bien innocente ; une si grosse bêtise ne pouvant être volontaire ; que l’on nous explique avec pédagogie qu’il faudrait adopter le code du travail chinois, tout en cherchant à devenir milliardaire. Nous demander à tous de devenir incroyablement riches d’argent en gagnant 1€ de l’heure, et en oubliant de noter qu’une vie de 80 ans ne signifie qu’une trop courte balade d’à peine 600 000 heures, est-ce de l’hypocrisie ou de la paresse intellectuelle ? Je ne saurais le dire. Ce que je saurais dire, c’est que ces gens là ne se gênent pas de nous traiter de fainéants et de cyniques lorsqu’on leur fait remarquer qu’avoir le seul choix entre être un esclave ou un maitre ne nous intéresse tout simplement pas.

Et leurs yeux, béants d’incompréhension, s’agrandissent encore lorsqu’on leur fait aussi part de notre volonté de nous intégrer parfaitement à l’histoire éternelle, au cycle de la vie. Que l’on ne s’imagine ni en dessous ni au dessus des êtres que l’on côtoie, humains, animaux ou plantes, et que l’on souhaite faire de cette Terre un Paradis pour le plus d’êtres possibles. Tout cela en nous développant, pour nous offrir le luxe de continuer à découvrir les secrets de l’Univers. Afin de nous rapprocher de nous-mêmes, afin de nous rapprocher les uns des autres. Et que pour nous, la loi de la jungle, la loi de la nature, n’est pas celle du plus fort mais celle du mieux uni.

Voilà pourquoi je me bâts, à ma façon et souvent bien naïvement, mais je changerais, comme j’espère que ce système changera. Faites attention à vous, et continuez à vous battre, contre des inégalités qui ne sont certainement pas entretenues par ceux qui les subissent.

21 fevrier LA PRISON ISOLE… RASSEMBLONS NOUS !

Depuis mi-novembre, une trentaine de personnes ont été incarcérées dans le cadre du mouvement des gilets jaunes à Toulouse et environ 200 à l’échelle nationale. Ces peines oscillent entre 1 mois et 2 ans de prison ferme.
Comme si l’enfermement ne suffisait pas, l’institution pénitentiaire punit et isole encore plus les détenus en faisant galérer leurs proches à obtenir des parloirs, en limitant leurs nombre, et en faisant traîner les procédures.
Tout cela contribue à une logique punitive, à casser les liens entre l’intérieur et l’extérieur de la taule et à isoler toujours plus les détenues.
A travers ces personnes, c’est le mouvement dans son ensemble qui est touché: l’Etat utilise la répression pour casser une contestation qui malgré cela ne dégrossi pas semaine après semaine….
Nous devons continuer à montrer notre solidarité partout: dans la rue, devant les tribunaux, les prisons… Et pas seulement avec les gilets jaunes, mais aussi avec tous les détenus.
Car la répression est toujours politique, elle cherche à briser des vie, faire taire des révoltées, écraser encore plus les pauvres et les opprimés et nous devons continuer à lutter contre toutes les formes d’enfermement !

LIBERTE POUR TOUTES, AVEC OU SANS GILETS !

Rassemblons-nous devant Seysse pour manifester notre rage et notre solidarité
le 21 février 18h à la prison de seysses ( RDV parking de la prison seysses)
point covoit’ : 17h parking du Quick de Basso Cambo

Pour télécharger l’affiche du rassemblement en PDF :
affiche
prison