Comptes rendus des comparutions immédiates et des audiences de décembre 2019

Semaine du 9 au 13

Lundi 9 décembre
 Quatre personnes ont été arrêtées le jeudi 5 décembre lors de la manif intersyndicale contre la réforme des retraites. Elles passaient en comparution immédiate.
Les déferrés :
A., un étudiant en anthropologie, sans casier judiciaire.
B., sans emploi sans caiser.
R., sans casier.
M., casier et pas de nationalité française.

Ils passent tous les quatres pour violences sur pdap et dissmimulation du visage. Ils acceptent tous la comparution immédiate.

Mme Pachot (avocate) a d’abord soulevé une requête en nullité, expliquant que son client n’avait pas vu un avocat pour les premières auditions en gav. Il demande donc l’annulation de la gav.

Le juge joint l’incident au fond. Le juge va procéder à tout le procès avant de décider s’il y a nullité de la gav, autrement dit, il rejete les arguments de l’avocat.
Les 4 ne se connaissaient pas avant de se retrouver interpellés au même endroit. Il y a 14 policiers qui se sont portés partie civile et qui sont donc présents en tant que « victimes ».
9 interpellations à ce moment-là, rue de metz, derrière la banderole « toulouse quito baghdad hong kong révolution ». Les keufs repèrent une personne avec écharpe bleue pétrole et chaussures marron clair et vont l’arreter. Dans l’action les flics se cassent la figure, un flic s’arrache le gant et se coupe le doigt car il y a du verre au sol. La foule « se jette » sur eux, ils auraient eu très peur pour leur vie. Un feu tricolore a été arraché, démonté et lancé sur les pdap (personnes dépositaires de l’autorité).
A. précise qu’à ce moment là il reste car il ne veut pas abandonner les manifestants, il reste près de la banderole, face aux pdap, qui gazent…
B. est repéré comme étant la personne avec une casquette orange un kway noir et une écharpe jaune et grise, il a été interpellé au moment de la charge, « car il ne courait pas assez vite ».
M. avoue avoir jeté une bouteille de verre trouvée par terre.
R. est sur une des vidéos, elle n’a pas vu la vidéo en question, juste une capture d’écran. Si port de masque, bonnet et écharpe c’est pour se protéger des gazs et non pour dissimuler son visage.

Les avocats des parties civiles (flics) se lancent dans du dégueuli de considérations politiques… « le drame avec ces manifestations, c’est que des personnes pas particulièrement violentes se mettent à haïr les forces de l’ordre ». Demandent 1000 euros pour chaque policier (soit 14 000 au total) + entre 75e et 150e par policier pour article 475-1 (les frais d’avocat).

Le procureur constate que « deux petites nuits en détention ça calme et ramène un peu de lucidité ». Lui aussi fait son laïus d’une demie heure pour expliquer à quel point nous sommes en démocratie et que les pdap sont pas méchants et là pour nous protéger en manif etc etc etc…

Réquisitions :
Le proc requiert 6 mois de sursis pour A., B. et R. car illes n’ont pas de casier, et 4 mois fermes avec ou sans mandat de dépot pour M. et 1 an d’interdiction de manifester en haute garonne pour les 4.
Les plaidoiries des avocats Cochard, Dujardin et Pachot se succèdent. Certains crachent sur les black bloc, d’autres non, certains font quasi que du profil et du ouin ouin, d’autres non. Pachot soulève tout de même qu’il ne peut pas y avoir de victime de violence physique sans certificat médical ou constations de la médecine légale et qu’il n’y a visiblement pas eu de conséquences graves pour les policiers.

Rendu :
Le juge (Suc) rejète les demandes de nullité. Condamne les 4 à 1 an d’interdiction de manifester en Haute Garonne. A, B et R prennent 6 mois de sursis et M. prend 6 mois fermes avec mandat de dépot. Ils sont tous les 4 condamnés solidairement à verser 1000e par policier + entre 75e et 150e par policier pour les frais d’avocat. Mr Veronese, baqueux qui a interpellé R. et qui s’est retrouvé dans trois autres dossiers cet aprem, demande le renvoi en procès civil pour évaluer ses dommages… audience le 4 mars à 9h.

La dernière personne à passer est J.C. père au foyer, jamais condamné.
Il passe car est inculpé de destruction par incendie pendant la manifestation du 5 décembre. Vers parking Victor Hugo, à 18h49, il est repéré sur les caméras de vidéosurveillance, porte un gros pull gris à capuche… Mr Veronese (BAC) procède à son arrestation. Il a ajouté une feuille enflammée à un petit feu de cartons et de papier qui était déjà en train de bruler… Il est porteur d’un briquet quand il est arreté.
Réquisitions : Le proc requiert 4 mois de sursis simple.
Rendu : coupable et condamné à 4 mois de sursis simple et interdiction de porter une arme pendant 3 ans.


Mardi 10 décembre
On a décidé de faire un CR détaillé de l’audience du 10 décembre ou le copain qui avait passé 10 jours en taule suite à la manif du 16 novembre a été relaxé, parce qu’il y a pas mal de points qui peuvent servir d’arguments pour d’autres camarades face à la justice.

Lors de la manif anniversaire du 16 novembre 2019, les flics ont procédé à 23 interpellations sur Toulouse. Sur ces 23 GAV, certaines personnes sont ressorties avec un rappel à la loi, d’autres avec une convocation devant le tribunal à une date ultérieure, plusieurs personnes étaient également déférées pour être présentées au proc’.

Une seule personne était renvoyée en comparution immédiate et incarcérée dans l’attente de l’audience du lendemain (mardi 19 novembre). Le lendemain le camarade été maintenu en détention alors qu’il demandait un délais pour préparer sa défense et apportait plusieurs garanties de représentation (attestation d’hébergement, promesse d’embauche…). La date de son procès était fixée au 10 décembre. Beaucoup de camarades GJ étaient présents dans la salle pour le soutenir à ce moment là et décrier cette justice de classe.

Dès son incarcération, le camarade déposait une demande de mise en liberté qui lui permettait finalement de sortir le 28 novembre (notamment du fait que les garanties de représentations avaient été ettofées). Il été néanmoins astreint à un contrôle judiciaire très strict avec obligation de pointage tous les jours dans un commissariat hors de Toulouse en attendant son procès fixé au 10 décembre.

Le camarade était donc jugé pour (chefs d’inculpation)
– “violences sur personne dépositaire de l’autorité publique sans ITT” (on lui reprochait d’avoir renvoyé un palet de gaz lacrymo, ce qui aurait blessé un flic à la cuisse….lol)
– “participation à un groupement formé en vue de commettre des atteintes aux biens ou aux personnes “
– “dissimulation du visage”
– “refus de se soumettre aux opérations de signalétiques” (relevé d’empreintes digitales pendant la garde-à-vue)

Plusieurs demandes de nullités avaient été déposées ce qui fait que l’audience a commencé par l’examen de celles-ci.

Sur les nullités

Tout d’abord l’avocat a fait valoir que le procès verbal de mise à disposition (ou PV d’interpellation) était nul pour deux raisons :
La première tenant au fait qu’il ne respectait pas les formes de la circulaire du 9 avril 2018 émise pendant la phase d’évacuation de la ZAD de Notre-Dame des Landes et de celles du 22 novembre 2018 relative au PV de mise à disposition et obligeant les flics à renseigner : le cadre de l’interpellation (manif ou attroupement), l’identité de la victime ET des témoins, et le menottage éventuel de la personne. Ce qui n’était pas le cas pour le camarade puisqu’il ne faisait pas état de l’infraction constatée par des éléments circonstanciés.
Ensuite, ce même PV ne contenait pas le nom de l’agent interpellateur mais seulement un numéro qui ne semblait même pas être le RIO (dans la case “nom et prénom de l’agent”, il y avait seulement marqué “M11”), il était donc impossible de connaître l’identité du flic se disant victime ni de l’agent interpellateur… surtout que sur ce point un arrêt de la Cour d’appel de Toulouse reconnaît la nullité du PV de mise à disposition lorsque l’agent interpellateur n’est pas clairement identifié.
Enfin, il y avait un problème de mise sous scellés, puisque les flics disaient avoir trouvé un gant plein de gaz lacrymo mais celui-ci était mis sous scellés que le lendemain matin alors que d’autres objets avaient été directement mis sous scellés dès le début de la GAV (la mise sous scellé était donc tardive et on ne savait pas ce qui avait été advenu de ce gant pendant plusieurs heures, il ne devait donc pas être utilisé comme élément de preuve à charge).

A ces arguments, le procureur a répondu qu’une circulaire n’avait pas effet de loi et que c’était un simple texte a valeur explicative, que le RIO du keuf suffisait à l’identifier…..et s’agissant du gant il avait été listé à la fouille et qu’il n’y avait donc pas de problème de traçabilité.

Sans étonnement les nullités ont été jointes au fond par le tribunal (ça veut dire qu’elles seraient étudiées en même temps que l’affaire, ils auraient pu se retirer pour délibérer sur les nullités, si elles avaient été retenues l’audience se serait arrêtée là, mais à Toulouse on sait bien que ça n’arrive jamais…)

Déroulement de l’audience

Le président qui a son habitude adopte une attitude méprisante et moqueuse envers les prévenus commence par appuyer lourdement sur le casier du copain qui fait mention d’une ancienne condamnation pour violence, puis retrace le PV d’ambiance de la manifestation (ce qui n’apporte absolument rien sur le dossier). Le juge insiste lourdement sur le matériel saisi notamment sur le fait que la personne avait été trouvée en possession de gants, d’une bombe de peinture, de lunettes de piscine et d’un petit masque de chantier…. Le camarade nie avoir été possession de ce fameux gants et d’avoir jeté un palet de lacrymo… Le président le questionne sur la raison qui pousserait les flics à mentir, le camarade répond qu’il n’en sait rien, qu’il n’est pas dans leur tête….

L’étude du dossier par le tribunal se termine comme ça, reste les réquisitions du proc et la plaidoirie de l’avocat.

Réquisitions du proc

Le procureur demande la relaxe sur la « participation à un groupement » en disant que désormais la jurisprudence est établie en la matière, le camarade est porteur que de matériel de protection et que rien ne démontre sa volonté de participer à un groupement violent.
Sur les violences, il ressort du dossier que le flic qui se dit victime n’a pas pu être touché par un palais comme il le dit… (il y a un problème de distance, le palet aurait parcouru plus de 300m…entre le camarade et la victime…). Le proc dénote que le palet n’a pas forcément touché ce flic là, mais qu’il n’y a pas besoin d’une victime identifiée pour que l ‘infraction de violence soit caractérisée.
Il ne détaille pas les autres infractions… et requiert pour le tout une peine de 6 mois de sursis TIG (140H de TIG), un an d’interdiction de manif et 200euros d’amende pour la signalétique.

Au vu des réquisitions il était clair que procureur n’était pas à l’aise avec son dossier bancal…

Sur la relaxe pour tous les chefs d’inculpations,

le refus de signalétique : l’avocat plaide que l’article 52-1 du code de procédure pénale est contraire au respect du droit à la vie privée parce que le stockage des données biométriques et ADN est de 40 ans donc quasi perpétuel et sans possibilité d’effacement. (article 8 de la convention européene des droits de l’homme)

la dissimulation du visage : il n’y aucune preuve que le camarade portait effectivement son matériel puisque les flics n’ont rien noté dans ce sens au moment de l’interpellation.

la violence : Le baveux a plaidé les discordances dans les témoignages des keufs. Le flic qui se dit victime n’a pas clairement identifié l’auteur du jet de palet dans la procédure. C’est un autre flic qui disait reconnaître le copain, a part que sa description ne correspondait pas à la tenue de la personne inculpée.

Ce dossier a pu être préparé parce que le copain avait refusé la comparution immédiate, sans ça on aurait jamais eu le temps de préparer sa défense.


Mercredi 11 décembre

=> D.D arrêté suite à la manif nationale du 13 avril.
Arrêté 2 mois après les faits reprochés, suit à une enquête menée à partir des caméras de vidéosurveillance. Les keufs sont venus le chercher chez lui le 19 juin et il est passé devant le JLD le 20. Il avait alors une commis (Emeline Moimaux) et il a demandé le report. Il n’a pas recontacté la commis et s’est présenté seul à l’audience.
– chefs d’inculpation : dissimulation/ participation à un groupement en vue de commettre des actes de violence et de dégradation…/ violence sur pdap (personne dépositaire de l’autorité publique) avec circonstances aggravantes (un baqueux : Jean-Luc Barrière, absent et représenté par son baveux).

– Le parquet : rappel des faits = Manif nationale donc beaucoup de monde, suite à une charge de la bac D.D est filmé au moment où il donne un grand coup au visage du keuf avec un tasseau de bois. Puis il est filmé à différents moments de la manif et donc dans différents lieux. Il avait deux gilets sur lui qu’il a mis en alternance. Il a surtout enlevé son masque en fin de manif et c’est comme ça qu’il a été identifié… D’autant que le proc a insisté sur le
fait que le baqueux n’avait pas pu formellement l’identifier. Le proc et le juge ont énormément insisté sur le fait que D.D a frappé un keuf et donc « pas un simple individu ».

– Le prévenu : il a joué la carte de l’honnêteté et de fidélité à ce qu’il avait dit aux keufs en gav. Il reconnaît les faits, dit qu’il avait une écharpe sur le visage pour se protéger des gaz
(rejeté par le juge), et qu’il a frappé le baqueux pour l’empêcher de nuire à ses camarades. Il a exprimé des regrets, des remords mais réaffirmé sa fidélité au mouvement. Il dit avoir agi sans réfléchir, sur le moment de manière impulsive, et qu’il ne voulait pas faire mal ou blesser (là le parquet se marre). Il s’est aussi dissocié des « blackblocs » comme il dit, en affirmant qu’il était un « manifestant pacifiste ». Affirme aussi qu’il a « changé » depuis, qu’il a un CDI et une
petite amie.

– Partie civile (avocat du keuf) : affirme intention de faire mal, demande que le juge remontre les photos prises pdt la visite médicale (keuf bien amoché et rappelle les 8 jours d’ITT suite à cela ainsi que des séances de kiné et d’ostéo. Demande 1000 euros.

Réquisitions : le proc insiste sur « l’extrême gravité de l’acte » et de « l’inquiétante désinvolture » avec laquelle D.D en parle. Demande 15 à 18 mois de prison + interdiction manif pdt 2 ans + interdiction port d’arme pdt 5 ans + les 1000E pour le baqueux.

Rendu : 18 mois de prison dont 9 fermes aménageables (voir la JAP) et 9 mois fermes avec sursis. Interdiction de manif, interdiction port d’arme et amende au keuf OK.

=> Procès de L., toujours le 11/12/19.

Absent pour son procès, pas d’avocat pour le défendre.

Inculpé pour dégradation de biens et refus de signalétique.
On l’accuse d’avoir dégradé le portail d’entrée du CROUS, lors de la
manif du 9 novembre.
Selon le directeur du CROUS (absent), le portail a été forcé et la serrure est depuis inutilisable. Il n’y a pas eu de dégradation à l’intérieur du bâtiment.
En GAV, L. aura refusé la signalétique, l’enquête sociale, et n’aura eu « rien à déclarer ».

Il s’agissait pendant ce procès de visionner un extrait de
vidéosurveillance afin de déterminer la culpabilité ou non de L, qui niait les faits. Pour le juge, c’est une évidence, la vidéo le prouve.
Réquisitions : le proc requiert 8 mois de sursis, justifiant la severité de la peine par le propre comportement de L. avec la justice, visant à tout refuser et à tout nier, à ne pas respecter son contrôle judiciaire, et à ne pas se présenter à son procès : « c’est monsieur, par son comportement, qui rend l’affaire importante ».
La greffière : « Monsieur a complètement disparu de la circulation ».
Rendu : 8 mois de sursis.

=> Autre procès le même jour, de L.A
4 condamantions précédentes pour vol ou violence en sursis mise à
l’épreuve.
Défendu par Me Cochard
Chefs d’inculpation : dissimulation du visage te violence pour avoir rebalancé un
palet. Arrêté le 5/12 à 19h10 rue Kennedy.
Reconnait avoir renvoyé un palet alors qu’il prenait une bière. Le juge affirme qu’on n’a rien à faire rue Kennedy à cette heure à part affronter la police.
Réquisitions : puisque les faits sont reconnus, le proc demande 4 à 6 mois fermes et 2
ans d’interdiction de manif.
Cochard plaide l’attirance pour le spectacle pour justifier la présence et l’annulation de « violences  » (pas de flic partie civile, pas de dommages, une interpellation tranquille)
Rendu : coupable 4 mois fermes sans mandat de dépôt. 1 an
d’interdiction de manif en Hte Garonne.

=> autre procès, même jour, de E.A
Étudiant en bts en biologie, Casier vierge. Défendu par Me Lakhmissi-Parmentier
Chefs d’inculpation : dissimulation de visage, Violence et outrage sur pdap (flic partie
civile Olivier Veronese de la BAC)
Arrêté le 5/12 à 17h35 rue Fonvieille.
Accusé de jets de bouteilles. Reconnaît un doigt d’honneur, un masque de protection, des lunettes et une bouteille de limonade pour se désaltérer.
Le juge lui fait remarquer qu’il était repéré par la bac (écharpe OM).
L’avocate de Veronese, le baqueux, demande 2 fois 800 euros.
Réquisitions : le proc demande 6 mois de sursis.
L’avocate se vante de lui avoir fait avouer le doigt d’honneur en GAV. E.A dit que c’est sa première manif, qu’il n’est pas casseur (habillé en clair) que c’est un judoka avec honneur et un bon étudiant qu’il n’y a pas eu de violences précises sur la personne de Veronese mais des jets sur un groupe de keufs dans les gaz. L’avocate demande un stage de citoyenneté pour le doigt.
Rendu : Coupable. 6 mois de sursis avec inscription au casier.
Interdiction de manif en Hte Garonne pour 1 an.
500 + 600 euros pour Veronese qui n’a pas perdu sa journée.

Jeudi 12 décembre
 Une première personne était poursuivie pour entrave à la circulation et participation à un groupement. Il s’agissait pour l’entrave à la circulation de la construction d’une barricade.
Rendu : Il est relaxé pour la participation à un groupement et condamné à 150€ d’amende pour l’entrave à la circulation.
Ce même jour, E., une autre personne, était poursuivie pour participation à un attroupement sans arme après sommation de se disperser ainsi que pour outrage sur 2 agents lors de la manifestation du 18 mai 2019.
Il lui est reproché d’avoir, rue Lafayette, à 17H50, alors que des sommations auraient été faites, fait face à un cordon de CRS et outragé 2 agents à base de « Allez niquer les chattes à vos mères » et de « T’es un black bloc, t’es habillé comme un black bloc qu’est-ce que tu fou avec eux.» à des bacqueux vêtus de noir.
E. conteste avoir tenu des propos outrageants. Il dit leur avoir demandé s’ils n’en avaient pas marre. S’ils pensaient à leur enfant à leurs femmes et à leurs mères. Il affirme n’avoir entendu aucune sommation et qu’il se serait dispersé dans le cas contraire. Le magistrat évoque son taux l’alcoolémie, ce à quoi E. répond qu’ils ont une promo gilet jaune au monoprix puisque tous les Samedi pour un pack de 1664 acheté le second est offert, ce qui fait rire l’assemblée. Il déclare qu’il demeurait conscient de ses actes. Les 2 agents qui ont été appelés « BB », dans ce que le magistrat appelle des témoignages concordants mais qui ressemblent beaucoup à des copier-coller affirment avoir formellement entendu les propos. Ils lui ont sauté dessus par derrière. Il n’y a pas eu de confrontation avec les agents pendant la garde à vue.
Le procureur commence en faisant de la pédagogie et affirme que le parquet n’est pas dans le « tout répressif ». Qu’il y a des traitements différenciés et qu’ils ne renvoient pas systématiquement devant le tribunal correctionnel, qu’il y a des classements sans suite. Le proc affirme que si E. a été renvoyé devant le TGI (Tribunal de Grand Instance) c’est qu’il y a un vrai trouble à l’ordre public (lol). Il admet que « t’es un BB » n’est pas un outrage mais que pour « les chattes à vos mères », que les bacqueux n’ont pas pu l’inventer. Que si la « mise en présence » n’a pas eu lieu c’est pour les raisons du service puisqu’à cette époque les agents étaient sur le terrain et n’avaient pas le temps pour les enquêtes pénales.
Réquisitions : 2 mois de sursis pour les 2 infractions.
Son avocat rappelle qu’il s’agissait d’une manifestation tranquille selon le PV de contexte, qu’il n’y a pas eu de blessé mais 5 interpellés. Qu’on ne comprend pas trop le « traitement différentié des procédures » dont le proc se targue. Il affirme que E. n’a pas entendu de sommations donc la première infraction d’attroupement ne peut être constituée. Pour ce qui est du prétendu outrage, les agents interpellateurs étaient derrière lui et loin, il est déjà mal aisé de comprendre E. qui parle très vite quand on est proche. Ils ont surement mal entendu. L’avocat demande la relaxe
Rendu : E. est finalement relaxé de tous les chefs d’inculpation.

Les conseils de la Défense Collective de Toulouse sont toujours les mêmes : ne rien déclarer en GAV pour avoir le maximum de liberté dans sa défense le jour de l’audience, toujours refuser la comparution immédiate et travailler le dossier collectivement.

Une attaque contre l’un d’entre nous est une attaque contre tout le mouvement, défendons nous ensemble dans la rue et jusqu’au tribunal !

compte-rendu des audiences – novembre 2019

Procès du 05/11/2019

A :

Parties civiles : 2 flics
Arrestation le 2/11 à 17 h 50 ; 48 GAV + une nuit à seysses
Chef d’inculpation : Rebellion
Le contexte : A. est victime de harcèlement par les flics. A peine
sortie de prison, elle s’était faite arrêtée et mettre en GAV. Tellement
pas de motif qu’elle était alors sortie sans même une convocation.

De nouveau arrêtée le 2 novembre. Elle a essayé d’esquiver
l’arrestation, ce pourquoi elle a le chef d’inculpation « Rebellion »…
en effet, « Rebellion » n’implique pas forcément des coups présumés sur
PDAP.
Selon la proc, son délit aurait pu être qualifié de tentative d’évasion
car A. a essayé d’ouvrir la porte du véhicule qui l’emmenait au comico.

Pendant la GAV, les propos d’A. ont été confrontés aux images vidéo de la manif (pour capter son heure d’arrivée à la manif).

Au tribunal, le juge lui demande de s’expliquer sur son attitude. A. dit
avoir eu peur et avoir paniqué. Le juge ainsi que la proc la font chier
pour le sweet qu’elle portait où ACAB est écrit….

L’avocat des deux flics (qui n’ont pris aucun coup selon les PV, mais
seraient traumatisés par ses propos et son attitude) tente de la faire
passer pour une agitatrice, une provocatrice, une personne qui harcèle
la police.. et parle de son visage dissimulé (ce qui n’est pas dans les
chefs d’inculpation). L’avocat demande 600 euros par flic.

La proc reconnaît A. d’un jugement précédent… Elle la qualifie de
personne qui cherche la confrontation avec les FDO, provocatrice,
essayant de se soustraire à la loi, etc…. et le ACAB du sweet qui
revient sur le tapis et traumatiserait les flics..
… demande 6 mois fermes avec MD.

La plaidoirie de l’avocat… A. a sans doute eu
peur d’un nouvel emprisonnement et a accepté la comparution immédiate.
L’avocat a commencé par une diatribe contre le capitalisme et la
macronie (sic) qui écrasent, violentent, etc… s’emporte de façon un
peu excessive et déplacée pour ensuite arriver à une défense de profil
pitoyable, réclamant une obligation de soins pour A. qui aurait été
traumatisée dans son enfance.. Evoque des tentatives de suicide, etc.
Demande un service civique qui pourrait la réconcilier avec la société
(à la place de la prison).

Par contre elle demande la relaxe pour « préjudices » demandés par les
parties civiles, expliquant que ce n’est pas de la faute d’A. si les
flics sont fatigués par leurs samedis.. Ces mêmes flics qui viennent
arrondir leur fin de mois au tribunal (sic). Ils étaient simplement dans
l’exercice de leur fonction et n’ont subi aucun préjudice.

Délibéré : 8 mois de bracelet. Interdiction d’être à Toulouse alors que
son mari y vit… obligation de suivre ses cours et 500 euros par flic.
200 dommâges et intérêts et 300 pour l’avocat; soit 1000 balles en tout.

 

Ma :

Suite à son arrestation  le 23 mars Ma. était passé en comparution
immédiate et avait demandé un report ( bien ouej’ ! ) . Il avait un
contrôle judiciaire qu’il avait réussi à faire suspendre courant mai (
bien ouej’ encore!).

Les chefs d’inculpation : groupement en vue de commettre des violences
et dégradations. Violence sur personne dépositaire de l’autorité
publique n’ayant pas entraîné d’ITT ( deux flics partie civile).

En garde à vue il avait dit qu’il refusait de répondre à la question de
savoir s’il participait au mouvement des GJ. Mais par contre avait
précisé qu’il avait fait tomber un flic parce qu’il s’était senti
agressé et que ce n’est qu’après qu’il a compris que c’était un flic.

Face à la juge il maintient sa version des faits : en gros il explique
que se faisant agresser il fait tomber quelqu’un par terre. Et se rend
compte alors que c’est un policier. . La juge dit que c’est dans l’ordre
inverse que ça s’est passé, et elle se base sur la déclaration des
flics : Ma. Fait tomber un flic à terre et donc ils l’interpellent.

Les deux versions s’opposent donc et on s’en tient là.

L’avocate de la partie civile ( deux flics) dit alors que :«  les
déclarations des policiers assermentés font toujours foi »,  les flics
on toujours raison un point c’est tout ! Elle en profite pour demander
alors 1000€ de dommages et intérêt + 300€ de frais de justice. A noter
qu’il n’y a que un flic qui tombe par terre et deux qui réclament des
dommages et intérêts , sûrement pour le préjudice moral étant donné
qu’il n’y a pas d’itt. La blague . Comme quoi, être assermenté et avoir
toujours raison permet de gratter un 14ème mois.

Le procureur rigole et dit que c’est la mode de contredire la police .
Il demande 6 à 8 mois de sursis simple et de suivre les demandes de la
partie civile.
Il demande la relaxe pour le groupement ( car rien n’est caractérisé ).

L’avocate de la défense met en lumière les contradictions de la
procédure : on a aucun policier qui déclare explicitement avoir vu la
violence, par contre on a trois agents interpellateurs.
Au départ lorsque la police charge , les policiers ne portent pas leurs
brassards.
Elle explique que l’intention de Ma. n’était pas de s’en prendre à la
police, il se défendait face à une situation qu’il identifie comme une
agression et non comme une charge policière ( les flics ne portent ni
uniforme ni brassard). Donc il est vrai que Ma. fait tomber quelqu’un à
terre , mais l’intention qui lui est prêtée ( s’en prendre à un policier
en tant que tel) n’est pas vraie. De plus, en terme de « violence » , on
n’a aucune ITT constatée par un médecin.
Elle demande la relaxe pour ce chef d’inculpation .
Pour le groupement , elle demande la relaxe également ( même argument
que le procureur : rien n’est caractérisé pour ce délit).

Le juge condamne Ma. A 4 mois de sursis simple, 300€ de dommages et
intérêts par flic. 300€ de frais de justice par flic : en tout 1200€.

 

M :

Le 25 mai M était passé en comparution immédiate après 48h de garde à
vue. Il avait demandé un report de la comparution pour préparer sa défense au
lieu d’être jugé immédiatement.
Il n’était pas allé en détention provisoire , mais s’était tapé un
contrôle judiciaire serré ( pointage une fois par semaine chaque samedi
à 20 km de chez lui).
Le 5 novembre il a donc son audience qui avait été reportée.
Malheureusement pour lui, suite à une erreur administrative de la part
du tribunal, son avocate n’a pas été prévenue qu’il passait ce jour là .
L’avocate est venue en catastrophe. Elle demande logiquement un report
qui lui est refusé par le juge ( pour le juge c’était à M. de
transmettre la date à  son avocate)
M. se retrouve donc à passer, alors que son avocate n’avait pas pu se
pencher sur l’affaire comme elle l’aurait voulu.

L’audience :
Les chefs d’inculpation :
* Violence sur personne dépositaire de l’autorité publique (Comme
d’habitude le flic n’est comme pas présent à l’audience car il doit
« assurer le maintien de l’ordre » d’après la juge )
*Participation à un groupement en vue de commettre des violences et
dégradations

M. est tout bonnement accusé par le flic de l’avoir caillassé. Durant
toute sa garde à vue M. a assumé  être sympathisant des GJ mais a
totalement nié les faits reprochés. La juge lui demande « pourquoi il
portait des gants » il rétorque qu’il avait froid. Il précise même , « en
plus c’est nous qui nous sommes fait attaquer par la police, c’est le
cortège qui s’est fait attaquer ». Il nie formellement avoir jeté des
pierres.
Ce qui fait bondir la juge « comment ça ce sont les flics qui attaquent ?
Vous voulez dire que la police affabule ??? ». La blague !
Dès lors vous imaginez que la juge donne l’impression d’avoir son idée
déjà bien faite.

Le procureur, quand à lui, lors de sa réquisition, demande de lui même
la relaxe pour la participation à  » un groupement en vue de … » étant
donné que rien ne peut le caractériser. Il n’y a aucune preuve que M.
soit venu à cette manif avec l’INTENTION de commettre des violences et
en groupe.
Pour la violence sur personne dépositaire de l’autorité publique , le
procureur demande alors 12 mois de sursis dont 8 de sursis mise à
l’épreuve avec obligation de soin et de travailler, puisque la
déclaration du policier est formelle, il l’a bien reconnu « grâce à sa
chemise à carreaux » ( seul élément pour le reconnaître  parmi une foule
et motivant son interpellation). Lol !

L’avocate de la défense, quand à elle va demander la relaxe pour tous
les chefs d’inculpation. Pour le groupement, même arguments que le
procureur.
Pour la violence sur personne dépositaire de l’autorité publique, elle
va faire quelque chose qui est trop peu fait : remettre en cause la
déclaration du policer .
Première déclaration du flic : on l’interpelle à cause d’une « chemise à
carreaux » . Il n’y a aucune précision sur son descriptif physique ou ses
habits.
Deuxième déclaration : 24h après sont arrestation ( M. est alors en
cellule en garde à vue), le policier ajoute des éléments à sa
déclaration : chaussures bleues, grosse barbe. Comme par hasard, des
détails lui reviennent !

Mettant en avant la faiblesse de la déclaration du flic ( qui était la
seule base du dossier), elle demande logiquement et intelligemment la
relaxe.
Finalement la juge relaxera pour le groupement , mais donnera 8 mois de
sursis mise à l’épreuve pendant 2 ans ( obligation de travailler et de
soin ) pour la violence sur flic.
M. devra donc travailler et justifier de soins pendant 2 ans sous peine
de voir ses 8 mois de sursis mise à l’épreuve devenir 8 mois de prison
ferme…

 

Procès du 06/11/2019, M.
Chefs d’inculpation : attroupement, refus d’ADN, dissimulation du visage ; pour des faits datant  d’une manif du mois de mai.

L’avocat de M. commence par faire une demande de nullité auprès du tribunal, sur le motif que la notification de la garde à vue et l’avis au procureur a dépassé le délai légal.
Pour la proc, celle ci a lieu dans les temps, et qui plus est, étant donné les « circonstances insurmontables » que sont les bouchons un samedi après-midi, même une voiture de police ne pouvait se rendre au commissariat en moins d’une heure (!!!), donc la nullité n’est pas valable quel que soit le cas.

M. explique ne pas avoir entendu les sommations, s’être retrouvée face aux keufs sans le vouloir, avoir voulu quitter la manif et avoir été bloquée par les gaz.
Le juge posera peu de questions. Deux porteront sur la possession de matériel de dissimulation, qu’elle dira avoir eu en sa possession dans un but de protection des gaz et non de dissimulation volontaire du visage, et une sur l’interpellation : « Pourquoi, à votre avis, un commissaire, qui a des choses plus importantes à faire un samedi, va-t-il vous interpeller si vous n’avez pas de comportement hostile ? » A cette question plutôt perverse, il ne lui laissera même pas le temps de répondre.

La proc reproche à M. de ne pas tenir les même propos aujourd’hui que lors de ses auditions en garde à vue (chose absolument fausse), car elle a « eu le temps de préparer sa défense ».
Le groupe dans lequel était M. était hostile, il y avait des jets d’objets sur les forces de l’ordre, et la présence avérée d’un attroupement après sommations au mégaphone, que tout le monde a nécessairement entendu. A cette heure ci, seule une centaine de personnes est encore présente sur place, contrairement au début de la manifestation où il y en avait plusieurs milliers : ceci est bien un fait qui prouve que les personnes qui sont restées après les sommations sont des individus au comportement hostile. La proc requiert donc 3 à 4 mois de prison assortis du sursis simple, ainsi que 1000 euros d’amende pour le refus d’ADN.

L’avocat commence sa plaidoirie en rappelant à quel point le dossier est vide, ce qui est corroboré par le JLD qui avait lui même évoqué le fait que le dossier était discutable.
Le fait d’attroupement implique la volonté de rester après les sommations, ce qui non seulement n’était pas le cas de M., mais ce qui implique aussi le fait d’entendre ces dernières, ce qui est loin d’être une évidence dans la rue au milieu de plusieurs milliers de personnes.
De plus, en reprenant le PV de contexte, on se rend compte que les sommations ont eu lieu 4 minutes avant la première interpellation, et 6 minutes avant celle de M. : absolument personne n’aurait été en capacité de disparaître de la manif alors que les rues étaient bloquées et saturées de gaz. Un cas à Nantes, porté en cours de cassation, fait jurisprudence : une personne arrêtée plus d’une heure et demie après les sommations n’a pas réussi à sortir en tout ce temps du périmètre bloqué par les keufs, et l’infraction a été non caractérisée pour l’attroupement.
En ce qui concerne la dissimulation du visage, l’infraction n’est pas constituée non plus, car il s’agissait bien d’un matériel de protection et non de dissimulation.
Et à propos du refus d’ADN en garde à vue, il se trouve que la dissimulation du visage n’est pas inscrite dans la liste légale (article 706-55) de circonstances justifiant la prise d’ADN.
Il demande donc la relaxe pour tous les chefs d’inculpation, au cas où la nullité ne serait pas retenue.

Le rendu : la nullité n’est pas retenue. Relaxe pour attroupement et refus d’adn, et 300 euros d’amende pour la dissimulation du visage.

 

Procès du 12/11/2019, quatre affaires groupées, sur la manif du 18/06

Tous les 4 accusés de regroupement en vue de etc.
Tous les 4 en CJ interdits de manifs en Hte Garonne.
L’affaire est renvoyée au 10 juillet 2020.
Les avocats n’ont donc plaidé que la levée du contrôle.

 

Proces du 14/11/2019

3 personnes arrêtées le même jour , lors d’un samedi en mars. Une passe
seule, les deux autres ensemble.

1  : violences sur PDAP, attroupement en vue de .

Elle n’est plus dans la manif elle va manger , à arnaud B une lacrymo
lui est jetée dessus. Elle repousse la lacrymo , les flics lui sautent
dessus à 3 puis, un de plus , au final ils l’arrêtent à 5, par terre, la
frappe . Un flic lui passe la main aux fesse et entre jambe. Elle se
débat. Elle se fait frapper et embarquer,  48h Garde à vue. Elle a
refusé d’être jugée en comparution immédiate à l’époque . Entre temps
elle a posé une plainte à l’IGN pour attouchements de la part des
policiers, son avocate a reçu l’accusé de réception et voila c’est tout
il n’y a aucune suite. Les flics vont tenter de lui mettre sur le dos un
jet de cannette , qu’elle niera jusqu’au bout malgré des interrogatoires
en pleine nuit, son avocat commis d’office qui la pousse à avouer un
délit qu’elle n’a pas commis.
Les flics ont même tenté de manière bien vicieuse de mettre une cannette
dans ses affaires.
Le procureur ainsi que la défense demanderont la relaxe pour la
participation à un groupement en vue de commettre des dégradations car
il n’y a aucun élément matériel qui le démontre.

Le procureur et l’avocat des flics vont se baser uniquement sur la
version des flics qui disent ( avec bien entendu plein de contradictions
et de flou dans les différents PV) en gros qu’elle est interpellé pour
un jet de cannette, ou de lacrymo , au final il s’emmêle un peu les
crayons. Son interpellation est faite de manière mesurée : 3 flics lui
sautent dessus , puis un quatrième , puis un cinquième. Elle se débat ,
c’est ça que le proc va pointer du doigt. En se débattant le 5ème flic (
un CRS, avec tout le matériel et un bouclier) va subir « un coup de pied
dans les tibia ». Et c’est pour cela qu’il y a violence sur personne
dépositaire de l’autorité publique.
L’avocat de la défense des flics demande 600€ de préjudice moral pour le
CRS et 800€ de frais de procédure. Le procureur va dans son sens. Et
demande en plus 3 mois avec sursis , interdiction de manif et
confiscation des scellés.

L’avocate de la défense va mettre en lumière la grande confusion du
dossier .
En effet elle est accusée de violence, mais on ne comprend pas bien de
quoi on parle : accusée de jeter une canette ,elle a toujours nié , il
n’y a aucun élément qui le montre et les témoignages des flics sont très
très peu clairs (dans un PV il est juste noté que un flic qui n’est pas
nommé et qui ne témoigne pas « reçoit une cannette » . Cannette qui ne
sera même pas retrouvée. De toute façon ce n’est pas pour cela qu’elle
comparait.
Pour le fait de rejeter un palet de lacrymo, elle a juste pris un
lacrymo dans les patte et repoussé plus loin , est-ce de la violence ?
Pour le fait de se débattre lors de l’interpellation : trois policiers
se jettent sur elle, elle est au sol, un flic lui fait des attouchements
dégueulasses, elle se débat car c’est un réflexe et qu’elle a peur. Pour
les attouchements l’IGPN est saisi mais aucune enquête n’est ouverte.
Elle demande la relaxe pour la violence également car il ne s’agit pas
de violence, voici ce que le flic « victime » en dit «  je protégeais
mes collègues avec mon bouclier je leur tournais le dos et j’ai pris un
coup de pied ». On imagine bien la souffrance endurée par ce CRS qui n’a
absolument aucune journée d’ITT .

Condamnation : Violence sur PDAP requalifié en « rébellion »  2 mois
avec sursis. 200€ de dédommagement pour le flic + 600€ de frais de
justice pour la partie civile ( flics).

2. Le couple jugé ensemble :
A)Violence sur PDAP , attroupement en vue de
B) Outrage et attroupement en vue de
A et B sortent d’un repas, ils sont assis sur des plots dans les allées
jean jaurès . Ils sont entre les manifestants et les flics , les flics
leur disent de dégager . Ils sont bloqués entre les deux, peur de
reculer dans les gazs derrière (ils n’ont pas de masque ni rien) et
devant masse de flics.
Sur ces entrefaits les flics tombent sur B , le soulèvent par la gorge,
le jettent au sol le frappent. A qui voit son copain se faire taper par
les flics va « au contact » c’est à dire s’approche des boucliers et met
la main dessus pour essayer de voir et stopper cela, elle se fera
frapper et interpeller aussi.
Une vidéo sera montrée, filmé par un journaliste. Et visionnée par le
tribunal.
Pour B , accusé d’outrage : Le témoignage du flic est le suivant : «  il
me fait un doigt d’honneur, me traite de fils de pute, je vais pour
l’interpeller, il me met des coups de poing au visage , nous tombons au
sol , il me frappe au sol ». Or dans la réalité , et c’est très clair
sur la vidéo : pas de doigt d’honneur, pas de coups portés par la
personne interpellée, ni debout ni au sol.

Le procureur :
Pour la personne accusée d’outrage , même si effectivement sur la vidéo
on ne voit ni le doigt d’honneur, ni les coups, on ne sait pas si il dit
des insultes . Donc vu que le flic dit qu’il y a des insultes il doit
être condamné.
Relaxe demandée pour la participation à groupement en vue de car pas
d’éléments.
Pour la personne accusée d’outrage : on voit qu’elle ne porte pas de
coups effectivement. Mais elle va « au contact ». Elle ne reste pas
passive à regarder son copain se faire frapper. Donc cela constitue une
violence, en plus il y a une CRS qui demande des dédommagements pour
préjudice moral ( 800€ pour la CRS, 600€ pour les frais de justice
engagés), le procureur va dans ce sens. Il demande en plus 1 à 4mois de
prison avec sursis.
La défense :
Pour l’outrage , le seul élément matériel est le témoignage du flic qui
dit avoir insulté. Or dans son témoignage il dit aussi beaucoup de
mensonges, il accuse notamment la personne de lui avoir fait un doigt
d’honneur de lui avoir mis des coups de poing , debout , puis au sol. Or
tout cela est faux . Lorsqu’un témoin ment on ne peut prendre en compte
l’ensemble de sa déclaration qui perd alors tout crédit. Elle demandera
la relaxe pour outrage et pour attroupement.

Pour la violence sur PDAP . La personne accusé effectivement admet avoir
été au contact des CRS. Mais pour démontrer une violence , il faut qu’il
y ai une intention d’être violent, or là elle n’est allée « au
contact », sans jamais porter de coups , uniquement parce que son copain
se faisait frapper et elle a voulu l’aider. Par commettre des violences
sur les flics.
Il n’y a pas eu de violences sur la CRS qui demande des dedomagements,
ni blessure ni rien. ( pour la petite précision la CRS qui demande des
sous était en 3ème ligne et ce n’est même pas son bouclier dont il est
question … )
L’avocate demandera la relaxe pour violence et participation en vue de.

Rendu :
Pour le mec accusé d’outrage : relaxe au bénéfice du doute. Relaxé
également pour la participation en vue de.
Pour sa copine : condamnée pour la violence sur PDAP : 200€ de
dédommagements +  600€ pour payer les frais de justice de la keuf. 2
mois de sursis en plus.

 

Procès du 19/11/2019 : procès en appel

C. s’est fait arrêter le 12 / 01 / 2019 avec
quelques autres manifestants dans une cour d’immeuble.
Inculpé de Rassemblement en vue de commettre etc. aggravé par les
« armes » retrouvées dans ses poches (deux bouts de métal), il a écopé de
six mois de sursis en premier passage.
Il fait donc appel.
L’avocate plaide un dossier « politique » en arguant qu’à l’époque des faits, en
janvier, le délit de « Rassemblement » n’était pas constitué comme il l’a
été par la loi du 10 avril 2019. Auquel cas ce procès est rétroactif.
Rejet du proc qui ne reconnait pas de délit politique dans une émeute C, qui reconnait sa participation à la manif, aurait été sur les
photos des flics dès le début de l’aprèm et repéré par l’hélico. Il ne
peut donc arguer s’être retrouvé coincé en fin d’aprèm’.
Sur la présence de « clavettes » (goupilles en métal) dans ses poches
qu’il aurait ramassé parce qu’il les trouvait jolies pour en faire plus
tard des bijoux, il se lance dans une démonstration surréaliste comme
quoi lancées avec une écharpe, elles sont aussi redoutables que les
frondes des batailles antiques. (Ce qui provoque l’hilarité d’un des
trois juges et, au passage, est techniquement impossible).
Confirme le délit de « participation armée »  et demande confirmation des
six mois de sursis assortis d’interdiction de manif à Toulouse pour 1 an
et de port d’armes pour 5 ans.
L’avocate plaide la nullité de la CI et par voie de conséquence de
l’appel pour la rétroactivité citée plus haut. Son client a été coincé
par une charge sans sommations. Son « attroupement » se réduit a avoir été
bloqué dans un groupe.
Les photos des flics étant floues, pas de présence avérée de C chez
les « casseurs ». Qui a été le seul déféré sur 25 interpellés à cet
endroit. Pourquoi lui ? Parce qu’il ne s’était pas vidé les poches.
Armes par destination ? N’importe qi peut être armé à ce compte. Elle,
par exemple, peut attaquer la cour avec son crayon ou ses boucles
d’oreilles. Donc délit inexistant.

Délibéré au 18 décembre.

 

Procès du 19/11/2019

M, en comparution immédiate, après 2 nuits en garde à vue et une nuit à Seysses, pour refus de signalétique, participation à un groupement, dissimulation du visage, violence sur pdap sans itt.

Il demande un délai pour préparer sa défense.

Le tribunal estimera que ses garanties de représentation ne suffisent pas à garantir la non réitération des faits.

Procès le 10/12/2019, en attendant il repart à Seysses.

 

Procès en appel du 20/11/2019

A. avait pris 4 mois ferme pour violence sur PDAP, et avait donc fait appel du jugement. Renvoi au 11 février. Parce que l’avocate qu’il avait désignée n’était pas là, personne semblait savoir pourquoi.

 

Procès du 21/11/2019 :

. B, en Mandat de dépôt en date du 14/10/19
. Maitien en détention depuis le 15/10/19
. Chefs d’inculpation : rébellion + participation à un groupement en vue
de… + violence sur PDAP
=> PROC : pour le chef d’inculpation « violence sur PDAP » : la proc parle « d’explications lunaires » de la part de
B, avec un ton très condescendant elle affirme que B présente des
« troubles psychologiques ». Elle rappelle le caractère « difficile et
répétitif » du contexte dans lequel le litige a eu lieu, les
manifestations de GJ (c’est cool, ils ont l’air de vraiment en avoir
marre :). Rappelle la difficulté du travail de la police dans ce
contexte avec un ton assez pathétique. L’acte de « violence » sur le CRS qui se porte partie civile est une aspersion d’eau au
visage à l’aide d’un spray de type produit nettoyant pour les vitres. On
aurait cru entendre une blague. Le keuf a eu un jour d’ITT, sans
hospitalisation. La proc essaye d’accabler B en disant que c’est un
récidiviste, et que ses antécédents « démontrent un rapport difficile
avec la police ». Elle demande que le trib se montre « particulièrement
ferme. »
=> La défense (la plaidoirie n’a rien d’offensif, pas
charismatique du tout, défense de profil, ton victimaire et insiste sur
les remords de B et ses aveux). B reconnaît les faits de violence,
mais pas le reste. Il dit avoir trouvé le spray, pour lave vitres, par
terre et que l’acte n’était donc pas prémédité. Affirme qu’il pensait
que ce n’était que de l’eau et que donc, plus que de la violence, il
s’agissait d’une provocation dont les conséquences n’ont pas été
mesurées. L’avocate insiste sur le fait qu’il n’y a rien dans le PV pour
confirmer la version du CRS (aucun témoignage autre notamment). Elle
demande relaxe pour « rébellion » et « participation à un groupement » mais
pas pour « violence » puisque « a reconnu ». Pour cela elle entre dans une
sale défense de profil en mode « il est né et a grandi dans une bonne
famille, il s’est intégré en faisant des études et en devenant sportif
de haut niveau, mais un jour une rupture amoureuse et c’est la descente
aux enfers. La drogue, l’alcool et surtout la rue. » Elle va même ajouter
que B « n’est pas encore tout à fait marginalisé et qu’il y a donc
encore quelque chose à faire avec lui. » INCROYABLE pour une défense ! Ah, et elle rappelle
que le rapport médical du médecin que le keuf a vu ne fait état d’aucune
lésion et que cette aspersion n’a donc rien de grave qui mériterait une
peine lourde.
. Rendu :
Relaxe pour « participation », pour « rébellion » MAIS coupable de
« violence ».
Peine = 5 mois fermes, 1000E pour le keuf (!), 138, et 600 de frais de justice. Ce qui nous fait donc 1738E!

Suivis du tribunal.

La défense collective assiste, depuis le mois de décembre 2018 aux comparutions notamment immédiates des gilets jaunes et tente d’en faire un bilan.

Nous publions les récits, plus ou moins détaillés, d’audience et régulièrement un bilan chiffré de la répression, en tout cas ce que l’on en sait sachant que l’on est très peut au courant des poursuites type composition pénale, comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité et poursuite devant le tribunal correctionnel en juge unique (le matin).