Eté 2020

La défense collective émane du mouvement gilet jaune, et s’est constituée en tant que commission du mouvement. Articulée à la commission action, les réunions qui se tenaient chaque lundi étaient ouvertes à toutes les personnes participant au mouvement gilet jaune. Elle s’est créée en réponse à une forte répression.
 
En plus de la nécessité évidente de soutenir moralement et matériellement les personnes incarcérées et jugées, la défense collective avait pour but de diffuser des pratiques d’autodéfense face à la répression. Toujours en partant du principe qu’en s’attaquant à des individus, la justice s’attaquait au mouvement dans son ensemble.
 
Cet espace d’échange permettait d’analyser les stratégies policières, pour que les expériences de chacun/chacune puissent servir à tout le monde. 
 
Cette commission, ouverte, a tendu a se resserrer autour d’un groupe qui variait de moins en moins chaque semaine. Or nous ne voulons pas devenir un groupe de spécialistes, les pratiques qu’on a encouragées ne nous ont jamais appartenu et elles continueront à se diffuser partout et tout le temps. 
 
Le matériel que nous avons pu produire est bien sûr réutilisable par tous les gens/les mouvements de lutte qui partagent les positions, les pratiques et les idées qui ont fait la force du mouvement GJ et que nous avons pu porter à la défense collective : solidarité, refus de la dissociation, autonomie politique, refus des représentants, ne pas parler avec la police en général – au commissariat comme dans la rue – ne pas déclarer les manifs, ne rien déclarer en garde à vue…
 
Les espaces de réunion et de permanence sont de moins en moins utilisés. Notamment parce que le mouvement gilet jaune est fortement affaibli, les manifs ont du mal à se tenir, la commission action n’a plus lieu, et moins de mandats sont à envoyer car moins de GJ sont en prison.
 
Nous avons donc décidé de diminuer la fréquence des réunions, deux réunions/permanences auront lieu cet été : le 12 juillet et le 23 août, à la Chapelle.
 
Si pendant cette période des personnes souhaitent appeler à des réunions en plus, permanence ou autre, les créneaux sont disponibles et nous diffuserons les RDV.
 
En cas de besoin (préparation de procès, interpellation, garde à vue) la ligne téléphonique est ouverte 0758252219 ainsi que la boite mail defensecollectivetoulouse@riseup.net
 
Le blog defensecollectivetoulouse.noblogs.org est toujours en ligne et permet de trouver tous les tracts, brochures, ateliers, etc.
 
En septembre, une réunion sera prévue pour tracer le bilan et réfléchir aux suites a lui donner.

Crise du coronavirus : le capitalisme tue. Éradiquons-le !

Nous vous partageons ci-dessous un article écrit par les camarades de la défense collective de Cévennes Guarrigue plein de constats utiles en ces temps de levée du confinement.

Deux mois de confinement. Notre patience est à bout et la colère envers ce système s’en mêle. Travailleuses, chômeurs, galériennes et exploités, nous n’avons pas chômé pendant ces mois d’assignation à résidence généralisée. Nous avons compris que le capitalisme tue plus que le virus, que sous prétexte d’état d’urgence sanitaire des mesures autoritaires et pro-capitalistes sont là pour nous exploiter davantage et tenter de nous faire courber l’échine. Mais comme pendant les mois de lutte Gilets Jaunes, nous ne lâcherons rien. Des solidarités sont possibles et nécessaires, notre rage prendra de nouvelles formes de lutte et nous ferons tout pour ne pas revenir à la « normalité » d’avant.

Brochure A5 mis en page là : Lutte-covid-brochure-A5

PDF A4 ici : Lutte-covid

Crise du coronavirus : le capitalisme tue. Éradiquons-le !

Début février, l’épidémie de COVID19 en Chine faisait la une de l’actualité. Quelques semaines plus tard elle atteignait l’Europe. Depuis, le monde vit massivement confiné.

Facilitée par la mondialisation et la multiplication des échanges marchands, la pandémie s’est généralisée. Désormais elle tue tous les jours des milliers de personnes dans le monde.

Même sans être spécialiste, on se rend compte que les responsabilités, au-delà de celles qui pourraient être imputées à la Chine, à l’Italie, à la France ou à tout autre pays, reviennent au système capitaliste.

En plus de l’augmentation de la fréquence des catastrophes « naturelles » type inondation, sécheresse, ouragan, mégafeu, due au réchauffement climatique et générée par la pollution de l’industrie capitaliste, les pandémies s’avèrent être une autre conséquence de l’activité prédatrice du capital.

Causée entre autres par l’intensification et l’extension des exploitations agricoles permettant d’assouvir une recherche toujours accrue de profit pour l’industrie agro-alimentaire ou encore par la déforestation pour créer de nouvelles zones d’exploitation forestière et énergétique (gaz, minerais…), la destruction de ces espaces naturels ne fait qu’augmenter l’interface avec de nouveaux agents pathogènes.

Ajouté à tout cela, la mondialisation de l’économie, la multiplication sans limite des transports, notamment aériens (plus de 100 000 vols par jour en moyenne, soit 8 millions de passagers), le tourisme de masse et la densification de la population en zone urbaine, font que l’agent pathogène peut rapidement quitter le niveau local pour gagner dans les métropoles et se répandre en peu de temps à l’échelle de la planète.

Pour tenter de faire face à cette « crise sanitaire », les États ont pris toute une série de mesures. Leur tâtonnement et leur cynisme sautent aux yeux : leurs ordres et injonctions ne cessent de varier au gré de leurs expérimentations hasardeuses et d’un décompte macabre pertes/bénéfices.

Dans de telles situations catastrophiques, ce n’est pas une nouveauté que les États et les capitalistes s’arrangent toujours pour affirmer leur légitimité, leur autorité et pour préserver leurs intérêts. Cela va de pair avec une dégradation de nos conditions de vie et de travail.

Après les grandes annonces au profit des entreprises (les aides d’État aux patrons, le code du travail qui part en miettes…) on devrait assister sans broncher à la multiplication des attaques contre les précaires et les travailleurs.

Il ne nous reste plus qu’à applaudir les soignants, en première ligne dans cette pandémie, alors qu’il y a quelques mois à peine ils manifestaient et que nous nous retrouvions ensemble dans la rue. La crise n’a pas amélioré leurs conditions de travail, bien au contraire, et des applaudissements de soutien, aussi forts soient-ils, ne pallieront jamais un système de santé dégradé depuis des années, soumis au vent violent de la privatisation des soins et des intérêts financiers.

En décrétant l’état d’urgence et en nous fournissant des informations très parcellaires, l’État adopte une stratégie qui maintient la population en état de choc permanent. Tant que cet état d’acceptation perdurera, l’État multipliera ses attaques et les résistances, les révoltes seront entravées.

Il est bien difficile de savoir ce qu’il faudrait faire contre une telle pandémie. Mais ce qui est sûr, c’est que l’État et les capitalistes, avec le cynisme de ceux qui ont le pouvoir, nous en font payer les conséquences. Il faut que nous nous préparions à contrer de toutes nos forces le recul social en cours, les mesures liberticides, un retour à la « normale » où la misère continuera de s’étendre chaque jour et où se succéderont les guerres, crises et catastrophes. Nous devons nous préparer à lutter pour une transformation profonde de la société.

Ne nous laissons pas diviser, ensemble attaquons nos réels ennemis !

Depuis que l’État a décidé de « gérer » cette crise sanitaire, on nous assène le discours de la responsabilité individuelle, avec comme seule option pour sortir de cette crise le respect individuel des mesures d’isolement. Comme si le nombre de morts et les ravages de l’épidémie dépendaient uniquement du comportement de chacun.

Le gouvernement et l’autocontrôle nous assignent à résidence et le zèle de certains les mène à dénoncer ceux qui ne respectent pas les ordres. La délation engorge les services de police, des citoyens exaspérés jettent de leurs balcons de l’eau bouillante sur les « inconscients » qui promènent leur chien ou qui font du jogging.

Ce sont les gens, individuellement, qui doivent fournir les plus grands efforts. Pointer du doigt les récalcitrants, souvent les plus pauvres, c’est une bonne méthode pour préparer le terrain à la répression. On stigmatise les jeunes des cités qui sortent dehors, mais être confiné dans une cité HLM ce n’est pas la même chose que de s’isoler dans une villa de campagne ! Sur les marchés et particulièrement les marchés populaires, les gens sont parfois très proches, mais a-t-on vraiment le choix ?

À l’époque de la Peste Noire, les boucs émissaires étaient les Juifs et les lépreux. Aujourd’hui, le gouvernement, relayé par de nombreux médias, accuse les pauvres d’être irresponsables et vecteurs de la propagation du virus. Dans le même temps, on appelle les entreprises à poursuivre leurs activités, on contraint les ouvriers à aller travailler dans les usines sans protection et on les contrôle pour faire respecter un confinement impossible à suivre (logements insalubres et étriqués, pas de véhicules, difficultés à faire les courses…) !

Amendes et répression pleuvent sur les plus faibles, les plus isolés et les plus démunis. SDF (200 000 en France), sans-papiers, précaires, prisonniers, habitants des quartiers populaires s’en prennent plein la gueule. Mais c’est avant tout pour eux que le confinement et l’impossibilité de se déplacer sont synonymes d’une survie plus dure, plus pénible. Lorsque l’on vit de petits boulots, de tafs au black, en intérim, comme saisonniers… le confinement et les contrôles policiers empêchent réellement de vivre. Sans revenu, l’alternative se résume à survivre en prenant le risque d’attraper le virus ou accumuler les factures, perdre son logement et crever de faim ! Encore un énième accroissement des disparités sociales entre les plus pauvres et les plus aisés !

Il y a réellement deux poids deux mesures : cette propagande est marquée par un profond mépris de classe ! On en a malheureusement l’habitude, notamment depuis 2 ans et le mouvement des Gilets Jaunes. Les dirigeants politiques et économiques nous regardent de haut, ils vomissaient leurs insultes sur les Gilets Jaunes incultes, aujourd’hui ils vont jusqu’à obliger les travailleurs à risquer d’attraper le virus, pour une gloire éphémère et la promesse d’une éventuelle prime. Mais il est vrai que cela n’a jamais empêché le capital de dormir, pensons à l’amiante, aux usines cancérigènes, aux pesticides…

La grande incantation de Macron sur l’unité nationale pour faire face à la pandémie n’est qu’un énième leurre ! Comment est-il possible de penser que, même en période de pandémie, leurs intérêts et les nôtres sont les mêmes ?!

L’État nous serine le beau discours de l’union sacrée, n’hésite pas à sortir le mot « guerre » et à souhaiter la loi martiale (couvre-feu, interventions de l’armée, etc). Il transforme les travailleurs et les travailleuses de santé en héros de guerre qui n’ont besoin de rien, ni d’augmentations de salaire, ni de moyens pour faire face à l’épidémie. On sait bien que les médailles et les statues n’ont jamais nourri ni sauvé personne !

La pandémie est internationale (comme son nom l’indique). Ce ne seront pas des mesures nationales ni une prétendue unité patriotique – qui au passage, a toujours servi les plus riches ! – qui permettra de sortir de cette crise.

Mesures de recul social (loi d’urgence sanitaire et ordonnances), fermeture des frontières et appel à l’union nationale, mesures liberticides (couvre-feux, contrôle des téléphones envisagé, déploiement policier et militaire, utilisation de drones, etc.) : tout cela correspond à une situation économique déjà désastreuse qui va encore s’aggraver.

Ne nous ne trompons pas. La culpabilisation individuelle sert surtout à cacher les responsabilités du capitalisme et l’incurie des États : nous voyons bien qu’ils préfèrent la répression à la prévention sanitaire…

Pour autant, réclamer le « grand retour de l’État » comme solution à cette gestion désastreuse de la crise sanitaire actuelle est bien vide de sens : l’État est ce qu’il est, un outil au service de la classe dominante ! Il restera le gestionnaire servile des intérêts économiques des plus riches, de ceux qui possèdent les entreprises, et en aucun cas un État providentiel qui nous protégerait des épidémies, de la rapacité des méchants boursicoteurs, de la misère.

Mais la défiance vis-à vis de l’État mène parfois à une vision complotiste du monde et de la situation actuelle en particulier. Ne nous laissons pas envahir par la peur ! Ne tombons pas dans le piège des théories trop faciles et farfelues pour tenter de trouver une explication à cette pandémie (ce sont les États-Unis, la Chine ou l’État islamique qui ont envoyé ce virus, ou bien c’est la 5G qui pollue nos cellules en nous infectant, ou encore c’est un coup des industries pharmaceutiques pour vendre un nouveau vaccin — même s’il est évident que ces derniers vont en tirer profit).

Il est possible qu’un virus s’échappe d’un labo mais ce ne serait qu’une série d’incompétences humaines lié à l’arrogance de bureaucrates et de scientifiques persuadés d’être dans la maîtrise. Aucun État n’a d’intérêt dans une telle pandémie, tout simplement parce que ça met à l’arrêt la consommation et l’activité économique et donc les profits capitalistes.

Nous devons avoir une analyse rationnelle du monde qui nous entoure, basée sur des éléments concrets, que nous pouvons cerner pour combattre le système. En nous détournant des réelles causes, ces idées simplistes ne font que nous détourner des luttes sociales, nous privent de perspectives et nous isolent.

En pensant dévoiler les mystères d’une société capitaliste pourtant assez transparente dans ses objectifs elles ne désignent que des boucs-émissaires (étrangers, juifs, francs-maçons…) ou pointent des cibles extérieures et inaccessibles (extraterrestres, CIA, Mossad, RG, sociétés secrètes toutes puissantes…).

Alors ne prenons pas le risque d’une guerre de tous contre tous, où de nouvelles haines se répandraient comme à d’autres périodes épidémiques. Notre ennemi avance sans même plus prendre la peine de feutrer ses pas.

Face à ses attaques qui n’en sont qu’à leurs débuts, il est plus que jamais nécessaire d’être solidaires entre nous, ne nous laissons pas diviser ! Notre solidarité est notre force et le seul moyen de changer le présent et l’avenir !

Face à la crise économique et à la casse sociale : Révolution !

Cette crise sanitaire ne surgit pas dans un ciel serein.

La crise économique de 2008 est passée par là, mettant en péril le système bancaire mondial, plongeant plusieurs pays dans une violente récession (ralentissement de la croissance économique et chute du PIB) et jetant des millions de personnes dans la misère. Cette crise n’était qu’un prolongement d’une autre plus profonde qui remonte à 1974 ; le choc pétrolier se prolongeait alors par une crise de surproduction (la production s’accroissant pour générer un profit toujours plus grand, elle finit par dépasser les possibilités financières des consommateurs, les profits stagnent, ce qui cause faillite et chômage). Face à ces crises, les politiques gouvernementales s’attaquent à nos conditions d’existence : pour permettre aux acteurs de l’économie de maintenir leurs profits, il faut baisser le coût du travail, baisser les salaires directs et indirects (aides sociales, sécu, retraites…).

En France, les gouvernements qui se sont succédés ont tous suivi cette logique d’austérité. Ils ont baissé les cotisations patronales et subventionné les entreprises (CICE par exemple : 100 milliards de crédit d’impôts) afin d’augmenter les bénéfices et les dividendes des actionnaires. Pour « équilibrer » le budget de l’État (conséquence des milliards accordés aux banques suite à la crise de 2008 notamment), ils ont rogné sur les aides et redistributions sociales et les dépenses pour les services publics. Notons qu’au passage, tous ceux qui étaient rentabilisables ont été optimisés puis privatisés. Pour diminuer la dette, les gouvernements prennent aux travailleurs, aux chômeurs, aux retraités, aux intermittents, aux étudiants pauvres… et continuent de multiplier les cadeaux aux capitalistes !

Ces politiques d’austérité ont notamment touché les moyens mis à disposition des hôpitaux. Les données de l’OCDE sont éloquentes. Alors qu’en 1997, la France comptait 4,35 lits d’hôpitaux (hors psychiatrie) pour 1 000 habitants, en 2017, elle n’en comptait plus que 3,1 pour 1 000. C’est moins que la Grèce, sans parler de l’Allemagne qui en compte deux fois plus (6 pour 1 000). En Corée du Sud, le taux est passé au cours de la même période de 3,6 à 7,1 lits pour 1 000 habitants. En nombre de médecins, le rapport n’est pas plus brillant : la France compte 3,4 médecins pour 1 000 habitants, alors que l’Allemagne en compte 4,3 et l’Autriche 5,2.

Une pénurie organisée qui se traduit aujourd’hui par de cruels manques de moyens dans les hôpitaux et des déserts médicaux dans les zones rurales, périphériques et les villes pauvres. Nous payons les restrictions budgétaires appliquées au système de santé par tous les gouvernements depuis plusieurs décennies.

Nos solidarités suppléent à l’incurie d’un État qui dans une dynamique de rentabilité a volontairement détruit des dispositifs mis en place pour prévenir de telles crises sanitaires. Par exemple, l’Établissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires (Eprus), mis en place en 2007, suite à la crise du H5N1 et qui devait fournir masques et équipements de protections, a été démantelé au milieu des années 2010.

Malheureusement, tout cela n’est pas près de s’arranger : alors que la pandémie est encore en cours et ne sachant quelle forme le « déconfinement » prendra, nous voyons déjà poindre une crise économique au moins de l’ampleur de celle de 1929.

Les travailleurs sont encore en partie confinés. La production tourne au ralenti. Des secteurs entiers sont à l’arrêt. Les frontières se ferment. La circulation des marchandises est entravée. Les bourses dévissent partout dans le monde. Le PIB a déjà perdu plus de 8 points en France, soit une baisse inconnue depuis la deuxième Guerre mondiale !

Les États sortent le portefeuille pour éviter l’effondrement de l’économie et du système financier. Trump annonce un plan de 2000 milliards de dollars. La BCE (Banque Centrale Européenne) près de 1000 milliards d’euros, le gouvernement français déjà plus de 100 milliards. Il faut sauvegarder l’économie quoi qu’il en coûte !

Cet argent va avant tout servir à renflouer les portefeuilles des actionnaires et des banques. C’est sur notre travail et dans nos poches que ce sera volé !

La gestion du chômage partiel et technique en fait partie. Le gouvernement organise un fonds d’aide aux entreprises (déjà un milliard pour ce mois-ci) afin de prendre en charge le chômage technique ou partiel. C’est-à-dire que l’État (nos impôts) payent le chômage technique à la place des entreprises qui, elles, seront remboursées… Ce n’est pas pour nous offrir des vacances tous frais payés mais pour nous maintenir en état de reprendre le boulot dès qu’ils l’exigeront. Et au final, c’est nous qui payerons !

Et dans le même temps, Macron, le gouvernement et tout l’appareil de l’État ordonnent de continuer de produire des marchandises. Des secteurs d’activité se sont arrêtés ou ont subi de gros ralentissements. Évidemment ceux qui ne pouvaient vendre leur service suite à la mise en confinement de la population (restauration, hôtellerie, transports dans une moindre mesure…), mais aussi de nombreux secteurs de production « non essentiels » comme l’industrie automobile ou aéronautique, le bâtiment… Pour limiter l’impact de ces nombreux arrêts de production sur l’économie, l’État et le patronat cherchent à nous remettre au travail le plus vite possible. Certains secteurs ont subi des réquisitions pour les contraindre à travailler alors que le minimum sanitaire n’était pas assuré (chauffeurs routiers). De nombreux rapports de force ont lieu, au moins pour obtenir la garantie de conditions permettant la sécurité des travailleurs. En l’absence de combativité collective on a pu voir des patrons faire signer des décharges en cas de contamination avant de retourner au boulot. Le secteur agricole a connu des problèmes de main d’œuvre. Habitué à faire appel à des travailleurs des pays pauvres de l’Europe ou sans papiers qu’il sous-paye, le confinement l’en a privé. L’État a donc fait appel au volontariat et évoqué de réquisitionner les demandeurs d’asile, ceux-là même à qui l’on interdit de travailler en temps normal.

Les ordonnances prises le 25 mars 2020 et par la suite, « aménagent » le droit du travail  ! Elles permettent dès aujourd’hui, pour faire face à la crise, d’augmenter la pression sur les travailleurs et de réduire nos leurs droits : augmentation du nombre d’heures supplémentaires autorisé et baisse de leur rémunération, augmentation de la durée quotidienne de travail, diminution des congés payés, liberté donnée aux employeurs d’imposer des jours de repos… Ils cherchent à baisser le « coût » du travail (nos salaires quoi!) pour maintenir leurs profits (d’ailleurs les dividendes continuent de tomber malgré la crise mondiale !). Au final, ce sont nos revenus qui vont stagner, les cadences et le temps de travail qui vont augmenter, et avec l’inflation (l’augmentation des prix), nous aurons de plus en plus de mal à survivre. Et pour compléter, ils limiteront encore plus les droits sociaux (chômage, retraites, allocations familiales…).

Autrement dit on va nous presser jusqu’au bout pour éponger les déficits. C’est une nouvelle étape de ce que nous connaissons depuis au moins 20 ans. Tout cela va-t-il vraiment relancer l’économie ? Ce qui est sûr c’est que cela va accentuer la concurrence entre capitalistes pour une course aux profits toujours plus féroce (comme en temps de guerre les plus charognards sauront en tirer avantage) et favoriser la concentration du capital, c’est-à-dire la faillite des plus petites entreprises, et l’accumulation du profit dans les mains des plus grandes. L’État accompagnant ce processus vient essentiellement en aide aux grosses entreprises. Le prix à payer sera encore la santé et plus généralement nos conditions de vies de travailleurs ou de chômeurs !

L’épidémie passée, on aura des séquelles.

Sans réaction de notre part, l’État ne se privera pas de maintenir toutes ces mesures qui nous rendent la vie de plus en plus difficile. Parce qu’encore une fois, son but est simple : relancer le business, maintenir les profits des actionnaires et des patrons, assurer la continuité du système capitaliste.

Dans le chaos planétaire que provoque cette pandémie, les États et les capitalistes cherchent malgré tout à sauver leurs profits et profiter de la crise sanitaire et économique pour développer de nouvelles formes d’exploitation (télétravail, atomisation des travailleurs et distanciation sociale, recours au chômage partiel…). Tout au moins à ne pas trop y perdre. Dans « le monde d’après », la crise ayant rebattu de nombreuses cartes, il s’agira pour chaque État et chaque capitaliste de s’en sortir mieux que les autres. L’enjeu étant de taille, ils n’auront aucun scrupule à violemment accentuer la pression sur tous les travailleurs, chômeurs ou retraités de la planète.

Déjà, nous sommes toujours plus nombreux à subir cette pression chaque jour plus fort. La pandémie et la crise économique qui commence ne vont faire qu’empirer nos conditions de vie. Les États s’inquiètent de possibles soulèvements qui pourraient se déclencher à la sortie du confinement (un rapport des renseignements territoriaux alerte le gouvernement sur cette possibilité). Depuis quelques années, des révoltes éclatent de plus en plus régulièrement à travers la planète (Hong Kong, Irak, Amérique du Sud, Algérie, France…). La misère se transforme en colère. En France, le mouvement des Gilets jaunes a démontré comment, ensemble et déterminés, nous pouvons être forts et imaginatifs. Le système capitaliste, lui, n’est pas aussi solide qu’il veut nous le faire croire. Cette pandémie nous le révèle tristement.

Nous seuls avons les capacités de l’abattre et d’imaginer une autre société, solidaire et égalitaire.

À bas le contrôle social pérennisé

Les États savent bien que de tels reculs de nos conditions d’existence, surtout mis en place aussi rapidement, vont nécessairement provoquer des résistances et des révoltes.

Ils se doivent de préparer les mesures pour endiguer ces réactions populaires. Ça tombe bien : le capitalisme sait faire feu de tout bois. Comme ils l’ont fait à d’autres occasions (terrorisme, guerres…), la crise sanitaire actuelle leur offre une nouvelle opportunité pour renforcer et expérimenter ses dispositifs de contrôle sur les populations.

Nombre de mesures de l’état d’urgence actuel sont beaucoup plus claires quand on comprend les réels objectifs des gouvernements : maintenir l’économie au détriment des populations et renforcer l’ordre policier pour s’assurer que tout le monde accepte cette priorité. Face au coronavirus, on surveille de plus en plus, et on teste toujours aussi peu. C’est la réalité d’un état d’urgence dont les mesures sanitaires se déclinent concrètement en mesures sécuritaires.

Il y a quelques semaines, se retrouver en manif un samedi après-midi pouvait nous valoir une contravention pénale. Aujourd’hui, avec le confinement et l’état d’urgence « sanitaire », il suffit de sortir de chez soi pour tomber dans l’illégalité. Les mesures de couvre-feu se multiplient sans qu’on sache exactement à quoi elles servent. L’idée d’un contrôle des populations par traçage des téléphones est sérieusement envisagée ; elle a été appliquée dans plusieurs pays (Chine, Italie, Corée du Sud, Japon, etc.). Les bracelets électroniques pour garantir la quarantaine sont à l‘étude. L’utilisation de drones, qu’on n’avait vu jusqu’à présent que dans les cités ou dans les manifestations de Gilets Jaunes, se développe. Ce qui se passe n’est pas un mauvais film de science-fiction !

L’utilité sanitaire de ces mesures liberticides est très relative : il y a réellement deux poids, deux mesures.

D’un côté, toute sociabilité familiale, amicale, sportive, associative est prohibée. Même une simple promenade est limitée à un périmètre restreint et ne doit pas être partagée à plusieurs.

De l’autre, les travailleurs sont envoyés sans protection à la chaîne, dans les ateliers, au volant ou dans les champs. Les SDF sont traqués et les campements de migrants expulsés sans solutions de rechange ou largement insuffisantes. Des millions de personnes sont confinées dans des espaces beaucoup trop petits (au moins d’un point de vue sanitaire, tant viral que mental) alors que Brigitte Macron se plaint de son confinement dans le palais de l’Élysée !…

L’État freine, bloque ou impose un contrôle sur toutes solidarités, toutes initiatives. La moindre distribution de nourriture doit être validée par la préfecture ! Pourtant les solidarités pourraient grandement améliorer le quotidien de nombreuses personnes, et en particulier des plus précaires et des plus fragiles.

Le discours guerrier, voire militariste de Macron, est révélateur de la perspective dans laquelle il se place. La guerre que ces dirigeants mènent reste avant tout une guerre sociale contre notre classe, celle des exploités et des « auto-exploités ». Préparer le terrain avec une rhétorique martiale n’annonce rien d’autre qu’une répression féroce de toute résistance, individuelle ou collective.

Il semble peut-être difficile d’imaginer pouvoir manifester, se rassembler, discuter à plusieurs pour construire des luttes à l’heure actuelle. Cependant nous n’allons pas avoir le choix. Au-delà de la première phase de confinement, des mesures de distanciation sociale vont continuer à s’imposer. Malgré cela, se retrouver, se rassembler et s’organiser va devenir une nécessité : personne n’est fait pour vivre enfermé ni accepter toujours plus d’exploitation ! Ils ne nous empêcheront pas de lutter ! Organisons-nous pour l’après confinement ! #pasderetouralanormale

Le contrôle social a ses limites : les nôtres !

Ces mesures de confinement nous isolent et nous poussent à la méfiance. Les autres peuvent être porteurs du virus… La peur bat son plein et est largement alimentée par les discours des politiques et des médias.

Dans cette situation on voit se développer de nouveaux types de rapports sociaux potentiellement encore plus mortels : isolement, peur, xénophobie, travail atomisé… La solidarité est mise en difficulté et avec elle nos capacités de lutterMais cette situation fait apparaître aussi la nécessité de l’entraide et particulièrement pour les plus précaires et les plus démunis. C’est sur cette force construite sur la nécessité que nous devons compter pour résister et espérer un monde meilleur.

Refusons la pérennisation du contrôle social, multiplions dès à présent les luttes, participons à celles qui existent ! Préparons l’explosion sociale de l’après confinement !

Comment lutter et être solidaire dans cette situation d’urgence sanitaire ?

Face à cela nous n’avons guère de choix, nous ne pouvons pas les laisser faire. Soit nous subirons toujours plus la misère, l’exploitation et la répression, soit nous résistons et reprenons la lutte.

Bien qu’on n’en entende pas parler, nombre de droit de retrait, de débrayages, voire de grèves sauvages ont fleuri dans les usines qui refusaient de sécuriser les travailleurs, en Italie, en Espagne, aux États-Unis comme en France. Dans les chantiers navals ou le bâtiment, en passant par les gros centres de productions de l’industrie automobile, les hangars d’Amazon, les livreurs en fourgonnette ou à vélo, les éboueurs… nombreux sont ceux qui n’ont pas attendu les syndicats pour exiger plus de protections et de meilleures conditions.

Dans le sud de l’Italie, miné par le chômage et la misère et particulièrement fragilisé par le confinement et l’épidémie, des autoréductions (sortir d’un supermarché à plusieurs sans payer) ont été organisées. On peut voir dans plusieurs secteurs, régions ou pays un mécontentement s’exprimer de plus en plus fort, particulièrement pour les couches sociales les plus pauvres, pour qui le confinement n’est tout simplement pas tenable. Des grèves de loyers sont envisagées dans plusieurs pays et notamment aux États-Unis, ainsi que des refus de payer les factures. Sur presque tous les continents, les révoltes éclatent dans les prisonface à une situation désastreuse tant d’un point de vue sanitaire que purement humain… Et dans les quartiers populaires, où les pressions économique et policière passent encore un stade, la révolte gronde et commence à éclater.

Des luttes existent, commençons dès à présent à les soutenir !

Partons des multiples réseaux que nous construisons, des solidarités que nous avons mises en place, des combats que nous menions avant cette pandémie. Il nous faut mener la lutte ensemble, à l’image du mouvement Gilets Jaunes, détachée des intérêts spécifiques et corporatistes mais pour une remise en question globale de la société. Contre les attaques sur les aides sociales, le droit du travail, face aux carences du système de santé ou à l’abandon dans lequel se retrouve la plupart de nos anciens, il ne faut pas agir séparément. C’est par une lutte globale qui vise une transformation profonde de la société, que nous pourrons en finir avec la barbarie capitaliste et ses atrocités (pandémie, catastrophe écologique, guerre, chômage, exploitation, misère, dictature…la liste est malheureusement bien plus longue !).

Subir une telle perturbation de nos vies peut permettre dans le même temps de remettre en cause notre quotidien : la « normalité » du chef qui nous gueule dessus, celle d’aller travail pour enrichir son patron ou du spectacle absurde répandue dans les médias, l’acceptation des politiques gouvernementales, la résignation face à la misère… Cette constatation peut nous amener collectivement à envisager d’autres modes d’organisation sociale.

Pour l’instant, nous avons besoin de moyens pour rompre l’isolement au-delà du confinement, des moyens inventifs de s’organiser en prenant en compte les mesures sanitaires qui risquent de se prolonger…

Il est essentiel aujourd’hui de faire tourner les informations sur nos conditions d’existence, de travail, nos situations familiales et personnelles (violences familiales, difficultés morales et psychiques, besoin alimentaire, fragilisation du droit à l’avortement …) et d’organiser partout où cela est possible des luttes contre les attaques dont nous sommes les cibles.

Dans l’immédiat, il est possible de s’organiser collectivement pour les courses, d’acheminer des produits aux personnes isolées, d’organiser ou de participer à des maraudes pour les plus démunis… Et pourquoi pas des réquisitions collectives de denrées essentielles, des autoréductions ? Face à la situation actuelle nous sommes nombreux à avoir encore plus de mal que d’habitude pour finir le mois. Dans certains pays des grèves de loyer ou de paiement des factures s’organisent. Emparons-nous aussi de ces moyens d’action !

Tenons-nous informés de ce que nos voisins vivent, de ce qui se passe dans telle ou telle usine, entreprise, exploitation agricole… afin de trouver des moyens collectifs de lutte contre les heures sup’ forcées ou non payées, contre l’obligation de poser nos jours de congés, contre le manque de protection au travail ou l’obligation de travailler. Mais il s’agit aussi de la question du paiement des primes, des cadences et des salaires. C’est d’autant plus à nous de lutter pour nos conditions de travail qu’on ne peut même pas espérer compter sur les Prud’hommes fermés ou les centrales syndicales, quasi inaudibles en ce moment et prêtes à de nombreuses concessions sur le dos des travailleurs pour relancer l’économie, la production et par là retrouver leur rôle de « partenaires sociaux ».

Dans cette situation qui dure depuis déjà trop longtemps nous devons continuer à réfléchir collectivement, à échanger sur la situation et à chercher des possibilités de luttes et de résistances. En attendant de pouvoir se retrouver, il est possible d’organiser des assemblées virtuelles sur internet (ou par l’intermédiaire d’une radio), voire physiques, de balcon en balcon comme en Italie par exemple. La diffusion de réflexions et de critiques est aussi important dans le contexte actuel (distributions de tracts dans les boites aux lettres de son quartier, de son pâté de maisons, collage d’affiches, affichage de banderoles)… Réinvestir la rue tout en respectant la distanciation sociale peut aussi se tenter (manif en voitures, à vélo, rassemblements…). Et dès la fin du confinement reprenons la lutte pour de bon !

Si les solidarités, les luttes vitales et immédiates sont indispensables aujourd’hui, il nous faut déjà penser « l’après ». Pointons dès maintenant les contradictions de ce système qui, à travers cette crise sanitaire, apparaissent encore plus violemment.

Entre d’un côté les énormes moyens de production, la quantité de richesses produites, les moyens techniques, les connaissances scientifiques et de l’autre l’incapacité à faire face à une crise sanitaire qui reste faible au regard d’autres épidémies dans l’histoire (Peste Noire, grippe espagnole…), la contradiction est éclatante ! Et ce n’est qu’à l’image de l’organisation sociale et de la répartition des richesses…

Lorsque les dirigeants ne peuvent plus et que nous, les classes populaires, ne voulons plus, la révolution n’est plus loin !!!

Nous ne sommes pas seulement en guerre contre un virus mais contre le système qui est incapable de le combattre et qui l’a favorisé. Encore une fois si « Macron nous fait la guerre et sa police aussi », le virus le plus immonde est bien le virus capitaliste ! Derrière la crise sanitaire se cache la guerre sociale et la crise du capital. Et il s’agit pour nous, travailleurs, chômeurs, retraités…, de la mener et de vaincre, pour une société meilleure, plus juste, débarrassée du profit et des classes sociales, de l’État, des frontières et des polices, de l’argent et de l’exploitation…

« On est là » et on y sera encore et toujours !

#pasderetouralanormale

Des GJ, révoltés et confinés, déters et solidaires

gj_ales@riseup.net

defcolgj@riseup.net

Temperature Policiere 26 avril

En fichier PDF :

TemperaturePoliciere26Avril

Contestation des amendes :

contestation amendes.cleaned

Et un texte explicatif pour les recours juridiques face aux peines pour recidive de non respect du confinement :

recoursjuridique

 

 

 

 

TEMPÉRATURE POLICIÈRE

Toulouse, le 26 avril

Depuis le 16 mars, nous sommes tous confinés. Face à la pandémie, l’Etat a mis en place des mesures de distanciation sociale. En contradiction avec les nécessités actuelles de l’économie, cette distanciation sociale est par la même occasion un laboratoire de ce que pourrait devenir la société capitaliste de demain. Le télétravail est généralisé avec son lot de logiciels de surveillance…

C’est aussi l’occasion pour l’Etat de tester de nouvelles mesures d’un appareil répressif, à base de drones, d’audiences en facetime et de contrôle généralisé des mouvements à travers des applications.

Le tout, bien sûr, est saupoudré d’idéologie de l’unité nationale. Est jugé sévèrement quiconque s’en écarterait, ne ramerait pas dans le même sens. On nous l’a dit : « Nous sommes en guerre » et on s’apprête à juger les traîtres.

L’unité nationale est le nom que l’on donne au lourd silence (en note Nous saluons ici ceux qui viennent le briser : travailleurs en grève, soignants en rogne, émeutiers artificiers de Villeneuve-la-Garenne jusqu’à la Reynerie…) Que l’on aimerait voir peser sur nos têtes. Tandis que la machinerie grippée du Capital survit grâce à des technologies de contrôles ; celles-ci sont testées aujourd’hui et serviront à nous faire retourner au boulot, encore plus exploités et contrôlés que nous ne l’étions.

Les sans-papiers, les taulards, les exploités, les chômeurs, les manifestants, les squatteurs … tous ceux qui galèrent aujourd’hui seront encore plus exposés.

Il y a intérêt à s’organiser dès aujourd’hui au moins localement et pratiquement contre la répression. L’éviter, la contrer, être solidaires face à ses formes actualisées. L’application Stop covid pour Smartphone, les attestations numériques sont des étapes supplémentaires dans le contrôle de nos faits et gestes. Il s’agit de les contourner.

Voici un petit point sur le cours de cette répression et des idées pour la mettre à mal…

AMENDES ENFERMEMENT ET VIOLENCES POLICIÈRES

Avec 760 000 amendes au niveau national et plus de 8000 sur la ville de Toulouse, les PV vont bon train, souvent accompagnés d’un outrage à agent

Et plusieurs personnes se sont retrouvées en GAV pour récidive… dont des mineurs.

Après 4 contraventions un toulousain s’est pris un mois ferme avec mandat de dépôt.

Au 7 avril, nous avions pu recenser au moins 42 peines de prison ferme en France (dont 32 mandats de dépôt au minimum). Des personnes se faisant contrôler et n’étant pas dans les clous, s’étant faites verbalisées plusieurs fois, et également des flics qui chargent les gens pour « outrage » « rébellion » lors de contrôles. Parmi elles, des personnes sans domiciles fixes amendées à plusieurs reprises se sont retrouvées en prison.

Des recours juridiques contre le principe même de peine de prison pour les personnes qui ont pris plusieurs amendes ont été réalisés à Toulouse par plusieurs avocats. Nous publions à la suite un texte qui explique bien tout cela .

Lorsqu’on reçoit une amende on peut la contester, un modèle de contestation de l’amende également à la suite.

La situation en prison a toujours été terrible, et c’est encore pire avec la crise sanitaire. Pas de soins, le maintien en détention, pas de test, mitard pour les détenus ayant des symptômes grippaux (mais qui ne sont pas testés), restrictions des promenades, galères pour cantiner, parloirs supprimés… La liste est longue !

Dans les Centres de Rétention Administrative, même crédo, avec néanmoins des libérations beaucoup plus fréquentes (les frontières étant de toute façon bloquées, pas d’expulsion possible). Les personnes ne pouvant justifier d’un domicile à leur sortie se voient parfois maintenues en détention. A Toulouse au 16 avril, il n’y a plus que 5 personnes en CRA. Une de ces personnes est malade et aucun soin ne lui a été prodigué. Jusqu’à ce qu’elle fasse un malaise, qu’on lui envoie la police qui la frappe et l’emmène ailleurs.

Des révoltes ont éclaté dans les prisons.

Dans ce contexte d’Etat d’urgence sanitaire les flics ont encore plus les mains libres pour faire leur sale besogne. Et logiquement cela se traduit illico par des morts et des blessés.

Le 8 mars une personne est décédée à Béziers  étouffée par un flic qui s’est assis sur elle. Le 9 avril, à Angoulême, un jeune acculé par la BAC s’est noyé dans la Charente, un autre est mort le 9 avril a Anderlecht (en Belgique) dans un accident de scooter provoqué par les flics. En banlieue parisienne, à Chanteloup-les-Vignes, le 4 avril, une gamine de 5 ans a eu le crâne fracturé par un LBD. Le 18 avril, à Villeneuve la Garenne des flics ouvrent en grand leur portière sur le passage d’un motard pour le faire chuter. Il s’en sortira avec une fracture ouverte à la jambe.

Face aux violences policières notamment, des ripostes ont éclaté dans plusieurs endroits : pièges tendus à la police, barricades, tirs de feu d’artifice, voiture de condés retournée, cocktails molotov, tirs de projectiles ! Et la colère ne cesse de se propager de ville en ville !

LE FLICAGE 

Beaucoup de contrôles s’opèrent à des points fixes.

Lorsque les contrôles s’opèrent sur des carrefours à proximité d’une station de métro. Les sorties de celle-ci sont également contrôlées.

Les flics ne restent jamais très longtemps sur un seul point, (entre une demi-heure et quelques heures).

Lorsqu’il y a un gros point de contrôle, les voitures sont ciblées. Mais les vélos, piétons, scooters (même livreurs) peuvent aussi être contrôlés.

Le carrefour du centre ville où l’on constate le plus de contrôles est Jean Jaurès, avec un gros dispositif à chaque fois : plusieurs véhicules de police, avec « herse » sous la main si besoin, les différents accès – ramblas et boulevard – bloqués, le tout couplé à des contrôles dans le metro.

Les carrefours récurents (et leur métro/tram associé) : Saint Cyprien (couplé à des contrôles sur Charles de Fitte parfois), Jeanne d’Arc, rond point de la Reynerie, du Mirail (Charles Fabre), Palais de Justice, Esquirol, Compans, La Vache, Borderouge (car de CRS stationné parc de la Maourine), Arènes, Saint Michel.

Aux alentours de 7/9h et 18/19h il y a plus de contrôles dans les métros.

Les grandes artères sont parfois contrôlées avec souvent juste un véhicule de police (municipale, nationale ou même parfois camion CRS) :

Bonnefoy, Minîmes, route d’Albi, Boulevard de la gare.

Certaines places : Wilson, Heraclès , Saint Pierre/Daurade, Belfort…

La place Arnaud Bernard subit une grosse présence policière, opérations d’ampleur, parfois tout le quartier est cerné avec intervention de la Bac. Des véhicules de police sont stationnés aux abords

Les ponts, notamment aux horaires de bureau par exemple aux Ponts Jumeaux

Sur les centres commerciaux / Supermarchés :

Flics aux abords, sur le parking, voire même dans le hall : contrôle attestation et parfois sacs de courses.

Notamment à Auchan Balma, avec contrôle au métro associé. La police a pu restreindre l’accès au supermarché à une personne par foyer.

Sur les péages : quand il y a une opération de contrôle aux péages beaucoup de flics sont là et ils contrôlent tout le monde. (l’Union, Palays, et parfois des flics vers Sesquière) .

Pour ce qui est des parcs et berges : le barricadage est plus ou moins solide selon la configuration. Souvent on peut facilement contourner (accès au canal, skate parc des ponts jumeaux).

La restriction d’accès se fait plus avec des drones / hélicoptères , souvent appercus à la Ramée, au canal latéral, a Pech David…
Si on croise un drone ou hélico : attention car ils balancent tout à des flics pas loin (parfois en vélo ou à pied, il y a même eu le PSIG sur un pêcheur).

Un petit avion Cessna 172 a ratissé à de nombreuses reprises le ciel au dessus de l’île du Ramier. Les articles de journal parlent d’une mission de surveillance opérée par l’Etat.

Ce qui est compliqué à anticiper ce sont les patrouilles qui ratissent un peu partout, et s’arrêtent aléatoirement. De la municipale à la nationale en passant par les CRS ou même la bac, ils aiment beaucoup cramer de l’essence. Des flics de la nationale ont été repérés secteur nord dans une voiture banalisée (C3 grise, mais il y en a sûrement d’autres).

A la gare , assez fréquemment des grosses opérations de contrôles ont lieu, police, police ferroviaire et police aux frontières réunies.

Couplées à des contrôles aux abords de la gare par exemple Impasse Barthe, Rue Matabiau, Avenue de Lyon ou vers la médiathèque avec les militaires.

Les villes aux abords de Toulouse ne sont bien évidemment pas épargnées (Lasborde, Tournefeuille, etc.) et les villages également , avec présence de flics à des endroits stratégiques (rond points aux entrées de villes, ou contrôles des artères principales).

Centres COVID :

Toujours pas de test, ici pour le quidam lambda, mais un fichage certain. Les personnes diagnostiquées positives sont fichées et interdites de sortie. Nous ne savons pas quelles sont les personnes qui ont accès à ce fichier (personnel médical, flics..??)

Attestations et papiers d’identité

Lors d’un contrôle, si l’attestation leur semble plausible le contrôle s’arrête là, avec une éventuelle demande de papiers d’identité

Si l’attestation ne parait pas plausible, ils peuvent poser des questions, demander des précisions, demander à voir les courses.

Lorsque la personne n’a pas d’attestation, la police peut lui demander de faire demi tour, avec parfois des menaces (et des coups de gazeuses pour les SDF).

Si le flic veut mettre une amende, il demande les papiers puis demande de faire demi tour ou non.

Si pas de papiers, ils peuvent mettre la pression pour que l’on prouve son identité, demandent le numéro de téléphone, ou même de taper un code sur son portable qui affiche le nom de la personne qui a souscrit au forfait.

La police ne prend pas de notes sur les informations inscrites sur l’attestation.

Aucun cas d’une personne embarquée pour défaut de pièce d’identité ne nous est revenu.

Les flics ont parfois pu raccompagner devant chez eux des gens (peut être pour vérifier le domicile, le nom sur la boîte à lettres).

Toujours faire attention aux caméras , qui peuvent repérer des « comportements suspects » ( groupe de gens par exemple) et faire appeler une patrouille. Les nombreuses caméras de la ville sont répertoriées ici : https://toulouse.sous-surveillance.net/

Pour éviter l’amende et le fichage, des stratégies sont possibles

– Aucun papier, pas d’attestation et en cas de prune, donner un nom bidon aux flics. Penser à mettre un nom bidon sur la boîte aux lettres au cas où… Être sûr.e de son nom, sa date de naissance et son adresse. On peut par exemple changer juste quelques lettres de son nom et changer la date de naissance.

– Se balader avec plusieurs attestations selon la longueur des déplacements

– Avoir une attestation vierge à remplir discrètement si besoin

– Se mettre à tousser subtilement pour les encourager à vous lâcher (quelques talents de comédien requis)

– Circuler à vélo le plus possible ou marcher tranquillement pour pouvoir anticiper de loin

– Se trouver de vraies bonnes ou fausses excuses

En général : inutile de faire du zèle : moins le contrôle est rapide et efficace, moins ils pourront aller faire chier les autres dans le même temps.

Et surtout, penser solidaire, prévenir les gens qui risqueraient de tomber dans le contrôle : les bons vieux appels de phares en voiture, et à pied tout simplement prévenir les gens qui arrivent.

La question du téléphone : Fichage, Chantage et Poudre aux yeux

Depuis le début de la crise sanitaire, des solutions « technologiques » sont mises en avant par le gouvernement et des entreprises : téléchargement d’une attestation numérique associée à un QR Code (Flash Code);  développement de l’application StopCovid ; le traitement massif de la géolocalisation de nos téléphones… Le tout introduit au compte-gouttes sur une base de volontariat.

Mais qu’en est-il de ce mirage high-tech ??

– l’application / flash code / attestation numérique :

La première chose qui a été proposée était l’attestation numérique. Vendue sur une base purement pratique: « pas besoin d’imprimer ».

Mais au lieu de proposer un document vierge à télécharger une seule fois – que l’on pourrait réutiliser ; il faut soumettre notre demande sur le site du ministère de l’intérieur pour chaque sortie.

Cela implique :

* De se connecter (ce qui donne l’adresse IP de la box, ou du smartphone)

* D’entrer ses données personnelles

* De rendre compte de chacun de ses déplacements

Ainsi cette attestation remplie automatiquement, associée à un QR Code, représente un double intérêt pour les flics :

– le stockage de données personnelles que cela pourrait rendre possible

– la vitesse des contrôles par scan du QR Code. Or, cette facilitation nous fait craindre une massification des contrôles auprès de la toute la population.

Un application est également en cours de développement : l’application StopCovid.

Encore à l’état de projet, l’idée générale est que chaque personne ayant l’appli aura son bluetooth activé, et détectera automatiquement les autres téléphones dans son champ. Si une personne se fait tester positif au covid ( ou présente des symptômes plus ou moins auto-diagnostiqué ), l’appli préviendra les personnes « qui auront été en contact » pour qu’elles puissent « prendre des mesures ».

Sachant que le Bluetooth, n’évalue pas les distances, que très peu de personnes ont accès à des tests, que beaucoup sont asymptomatiques, on obtient une belle application foireuse.

Dans certains pays, cette application au départ «proposée» est devenue une obligation sous forme de chantage : ceux qui ne l’avaient pas étaient par défaut considérés comme plus contagieux, et voyaient leur liberté de circuler restreinte.

L’État s’appuie sur notre peur pour servir deux intérêts :

– Éviter que notre colère grandisse face au manque de masques, de tests, le délabrement de l’hôpital, en faisant mine de travailler sur une technologie miraculeuse. Ici, à travers une application foireuse.

– Rendre acceptable la notion même de surveillance de masse

Sous couvert d’urgence sanitaire… On nous fait du chantage en martelant qu’un seul choix s’offre à nous : collaborer et rendre compte à l’État de nos moindres faits et gestes ou bien tomber malade/contaminer les autres. Avec à la clef la menace de restriction de nos libertés si on ne collabore pas.

Nous pouvons résister à cela : 

N’utilisons pas les attestations sur smartphone ni le QR Code

Refusons de télécharger l’application StopCovid.

Autant que possible , déplaçons nous sans notre téléphone.

Si non , désactivons la géolocalisation, le Bluetooth, passons en mode avion le plus possible.

Encourageons un maximum autour de nous les gens à faire de même !

Les bases de la répression qui s’annonce sont en train d’être posées.

N’oublions pas que ce moment sanitaire où nous sommes cloîtrés chez nous aura une fin.

La rancœur face à la gestion de la crise sanitaire est bien là. La colère face aux conséquences du démantèlement de l’hôpital gronde. La crise économique qui va suivre s’annonce sans précédant.

L’État s’organise déjà pour l’après confinement.

Tout le monde le sait : ça va péter !

 

Vous pouvez continuer de nous envoyer des témoignanges, infos.

Par mail : defensecollectivetoulouse@riseup.net

Ou bien télécharger l’application Telegram , rechercher « Commission action gilets jaunes 31 » , vous y trouverez un lien de conversation.

 

 

 

La DéfenseCollective Toulouse au micro de CanalSud

Nous étions invités au micro de CanalSud le 13 novembre 2019, dans le cadre le l’anniversaire du mouvement des Gilets Jaunes, pour le Magazine du mercredi.

Voilà le lien d’écoute : https://www.canalsud.net/spip.php?page=article&id_article=3627

Notre moment de parole débute à la 42ème minute.

Bonne écoute.

compte-rendu des audiences – novembre 2019

Procès du 05/11/2019

A :

Parties civiles : 2 flics
Arrestation le 2/11 à 17 h 50 ; 48 GAV + une nuit à seysses
Chef d’inculpation : Rebellion
Le contexte : A. est victime de harcèlement par les flics. A peine
sortie de prison, elle s’était faite arrêtée et mettre en GAV. Tellement
pas de motif qu’elle était alors sortie sans même une convocation.

De nouveau arrêtée le 2 novembre. Elle a essayé d’esquiver
l’arrestation, ce pourquoi elle a le chef d’inculpation « Rebellion »…
en effet, « Rebellion » n’implique pas forcément des coups présumés sur
PDAP.
Selon la proc, son délit aurait pu être qualifié de tentative d’évasion
car A. a essayé d’ouvrir la porte du véhicule qui l’emmenait au comico.

Pendant la GAV, les propos d’A. ont été confrontés aux images vidéo de la manif (pour capter son heure d’arrivée à la manif).

Au tribunal, le juge lui demande de s’expliquer sur son attitude. A. dit
avoir eu peur et avoir paniqué. Le juge ainsi que la proc la font chier
pour le sweet qu’elle portait où ACAB est écrit….

L’avocat des deux flics (qui n’ont pris aucun coup selon les PV, mais
seraient traumatisés par ses propos et son attitude) tente de la faire
passer pour une agitatrice, une provocatrice, une personne qui harcèle
la police.. et parle de son visage dissimulé (ce qui n’est pas dans les
chefs d’inculpation). L’avocat demande 600 euros par flic.

La proc reconnaît A. d’un jugement précédent… Elle la qualifie de
personne qui cherche la confrontation avec les FDO, provocatrice,
essayant de se soustraire à la loi, etc…. et le ACAB du sweet qui
revient sur le tapis et traumatiserait les flics..
… demande 6 mois fermes avec MD.

La plaidoirie de l’avocat… A. a sans doute eu
peur d’un nouvel emprisonnement et a accepté la comparution immédiate.
L’avocat a commencé par une diatribe contre le capitalisme et la
macronie (sic) qui écrasent, violentent, etc… s’emporte de façon un
peu excessive et déplacée pour ensuite arriver à une défense de profil
pitoyable, réclamant une obligation de soins pour A. qui aurait été
traumatisée dans son enfance.. Evoque des tentatives de suicide, etc.
Demande un service civique qui pourrait la réconcilier avec la société
(à la place de la prison).

Par contre elle demande la relaxe pour « préjudices » demandés par les
parties civiles, expliquant que ce n’est pas de la faute d’A. si les
flics sont fatigués par leurs samedis.. Ces mêmes flics qui viennent
arrondir leur fin de mois au tribunal (sic). Ils étaient simplement dans
l’exercice de leur fonction et n’ont subi aucun préjudice.

Délibéré : 8 mois de bracelet. Interdiction d’être à Toulouse alors que
son mari y vit… obligation de suivre ses cours et 500 euros par flic.
200 dommâges et intérêts et 300 pour l’avocat; soit 1000 balles en tout.

 

Ma :

Suite à son arrestation  le 23 mars Ma. était passé en comparution
immédiate et avait demandé un report ( bien ouej’ ! ) . Il avait un
contrôle judiciaire qu’il avait réussi à faire suspendre courant mai (
bien ouej’ encore!).

Les chefs d’inculpation : groupement en vue de commettre des violences
et dégradations. Violence sur personne dépositaire de l’autorité
publique n’ayant pas entraîné d’ITT ( deux flics partie civile).

En garde à vue il avait dit qu’il refusait de répondre à la question de
savoir s’il participait au mouvement des GJ. Mais par contre avait
précisé qu’il avait fait tomber un flic parce qu’il s’était senti
agressé et que ce n’est qu’après qu’il a compris que c’était un flic.

Face à la juge il maintient sa version des faits : en gros il explique
que se faisant agresser il fait tomber quelqu’un par terre. Et se rend
compte alors que c’est un policier. . La juge dit que c’est dans l’ordre
inverse que ça s’est passé, et elle se base sur la déclaration des
flics : Ma. Fait tomber un flic à terre et donc ils l’interpellent.

Les deux versions s’opposent donc et on s’en tient là.

L’avocate de la partie civile ( deux flics) dit alors que :«  les
déclarations des policiers assermentés font toujours foi »,  les flics
on toujours raison un point c’est tout ! Elle en profite pour demander
alors 1000€ de dommages et intérêt + 300€ de frais de justice. A noter
qu’il n’y a que un flic qui tombe par terre et deux qui réclament des
dommages et intérêts , sûrement pour le préjudice moral étant donné
qu’il n’y a pas d’itt. La blague . Comme quoi, être assermenté et avoir
toujours raison permet de gratter un 14ème mois.

Le procureur rigole et dit que c’est la mode de contredire la police .
Il demande 6 à 8 mois de sursis simple et de suivre les demandes de la
partie civile.
Il demande la relaxe pour le groupement ( car rien n’est caractérisé ).

L’avocate de la défense met en lumière les contradictions de la
procédure : on a aucun policier qui déclare explicitement avoir vu la
violence, par contre on a trois agents interpellateurs.
Au départ lorsque la police charge , les policiers ne portent pas leurs
brassards.
Elle explique que l’intention de Ma. n’était pas de s’en prendre à la
police, il se défendait face à une situation qu’il identifie comme une
agression et non comme une charge policière ( les flics ne portent ni
uniforme ni brassard). Donc il est vrai que Ma. fait tomber quelqu’un à
terre , mais l’intention qui lui est prêtée ( s’en prendre à un policier
en tant que tel) n’est pas vraie. De plus, en terme de « violence » , on
n’a aucune ITT constatée par un médecin.
Elle demande la relaxe pour ce chef d’inculpation .
Pour le groupement , elle demande la relaxe également ( même argument
que le procureur : rien n’est caractérisé pour ce délit).

Le juge condamne Ma. A 4 mois de sursis simple, 300€ de dommages et
intérêts par flic. 300€ de frais de justice par flic : en tout 1200€.

 

M :

Le 25 mai M était passé en comparution immédiate après 48h de garde à
vue. Il avait demandé un report de la comparution pour préparer sa défense au
lieu d’être jugé immédiatement.
Il n’était pas allé en détention provisoire , mais s’était tapé un
contrôle judiciaire serré ( pointage une fois par semaine chaque samedi
à 20 km de chez lui).
Le 5 novembre il a donc son audience qui avait été reportée.
Malheureusement pour lui, suite à une erreur administrative de la part
du tribunal, son avocate n’a pas été prévenue qu’il passait ce jour là .
L’avocate est venue en catastrophe. Elle demande logiquement un report
qui lui est refusé par le juge ( pour le juge c’était à M. de
transmettre la date à  son avocate)
M. se retrouve donc à passer, alors que son avocate n’avait pas pu se
pencher sur l’affaire comme elle l’aurait voulu.

L’audience :
Les chefs d’inculpation :
* Violence sur personne dépositaire de l’autorité publique (Comme
d’habitude le flic n’est comme pas présent à l’audience car il doit
« assurer le maintien de l’ordre » d’après la juge )
*Participation à un groupement en vue de commettre des violences et
dégradations

M. est tout bonnement accusé par le flic de l’avoir caillassé. Durant
toute sa garde à vue M. a assumé  être sympathisant des GJ mais a
totalement nié les faits reprochés. La juge lui demande « pourquoi il
portait des gants » il rétorque qu’il avait froid. Il précise même , « en
plus c’est nous qui nous sommes fait attaquer par la police, c’est le
cortège qui s’est fait attaquer ». Il nie formellement avoir jeté des
pierres.
Ce qui fait bondir la juge « comment ça ce sont les flics qui attaquent ?
Vous voulez dire que la police affabule ??? ». La blague !
Dès lors vous imaginez que la juge donne l’impression d’avoir son idée
déjà bien faite.

Le procureur, quand à lui, lors de sa réquisition, demande de lui même
la relaxe pour la participation à  » un groupement en vue de … » étant
donné que rien ne peut le caractériser. Il n’y a aucune preuve que M.
soit venu à cette manif avec l’INTENTION de commettre des violences et
en groupe.
Pour la violence sur personne dépositaire de l’autorité publique , le
procureur demande alors 12 mois de sursis dont 8 de sursis mise à
l’épreuve avec obligation de soin et de travailler, puisque la
déclaration du policier est formelle, il l’a bien reconnu « grâce à sa
chemise à carreaux » ( seul élément pour le reconnaître  parmi une foule
et motivant son interpellation). Lol !

L’avocate de la défense, quand à elle va demander la relaxe pour tous
les chefs d’inculpation. Pour le groupement, même arguments que le
procureur.
Pour la violence sur personne dépositaire de l’autorité publique, elle
va faire quelque chose qui est trop peu fait : remettre en cause la
déclaration du policer .
Première déclaration du flic : on l’interpelle à cause d’une « chemise à
carreaux » . Il n’y a aucune précision sur son descriptif physique ou ses
habits.
Deuxième déclaration : 24h après sont arrestation ( M. est alors en
cellule en garde à vue), le policier ajoute des éléments à sa
déclaration : chaussures bleues, grosse barbe. Comme par hasard, des
détails lui reviennent !

Mettant en avant la faiblesse de la déclaration du flic ( qui était la
seule base du dossier), elle demande logiquement et intelligemment la
relaxe.
Finalement la juge relaxera pour le groupement , mais donnera 8 mois de
sursis mise à l’épreuve pendant 2 ans ( obligation de travailler et de
soin ) pour la violence sur flic.
M. devra donc travailler et justifier de soins pendant 2 ans sous peine
de voir ses 8 mois de sursis mise à l’épreuve devenir 8 mois de prison
ferme…

 

Procès du 06/11/2019, M.
Chefs d’inculpation : attroupement, refus d’ADN, dissimulation du visage ; pour des faits datant  d’une manif du mois de mai.

L’avocat de M. commence par faire une demande de nullité auprès du tribunal, sur le motif que la notification de la garde à vue et l’avis au procureur a dépassé le délai légal.
Pour la proc, celle ci a lieu dans les temps, et qui plus est, étant donné les « circonstances insurmontables » que sont les bouchons un samedi après-midi, même une voiture de police ne pouvait se rendre au commissariat en moins d’une heure (!!!), donc la nullité n’est pas valable quel que soit le cas.

M. explique ne pas avoir entendu les sommations, s’être retrouvée face aux keufs sans le vouloir, avoir voulu quitter la manif et avoir été bloquée par les gaz.
Le juge posera peu de questions. Deux porteront sur la possession de matériel de dissimulation, qu’elle dira avoir eu en sa possession dans un but de protection des gaz et non de dissimulation volontaire du visage, et une sur l’interpellation : « Pourquoi, à votre avis, un commissaire, qui a des choses plus importantes à faire un samedi, va-t-il vous interpeller si vous n’avez pas de comportement hostile ? » A cette question plutôt perverse, il ne lui laissera même pas le temps de répondre.

La proc reproche à M. de ne pas tenir les même propos aujourd’hui que lors de ses auditions en garde à vue (chose absolument fausse), car elle a « eu le temps de préparer sa défense ».
Le groupe dans lequel était M. était hostile, il y avait des jets d’objets sur les forces de l’ordre, et la présence avérée d’un attroupement après sommations au mégaphone, que tout le monde a nécessairement entendu. A cette heure ci, seule une centaine de personnes est encore présente sur place, contrairement au début de la manifestation où il y en avait plusieurs milliers : ceci est bien un fait qui prouve que les personnes qui sont restées après les sommations sont des individus au comportement hostile. La proc requiert donc 3 à 4 mois de prison assortis du sursis simple, ainsi que 1000 euros d’amende pour le refus d’ADN.

L’avocat commence sa plaidoirie en rappelant à quel point le dossier est vide, ce qui est corroboré par le JLD qui avait lui même évoqué le fait que le dossier était discutable.
Le fait d’attroupement implique la volonté de rester après les sommations, ce qui non seulement n’était pas le cas de M., mais ce qui implique aussi le fait d’entendre ces dernières, ce qui est loin d’être une évidence dans la rue au milieu de plusieurs milliers de personnes.
De plus, en reprenant le PV de contexte, on se rend compte que les sommations ont eu lieu 4 minutes avant la première interpellation, et 6 minutes avant celle de M. : absolument personne n’aurait été en capacité de disparaître de la manif alors que les rues étaient bloquées et saturées de gaz. Un cas à Nantes, porté en cours de cassation, fait jurisprudence : une personne arrêtée plus d’une heure et demie après les sommations n’a pas réussi à sortir en tout ce temps du périmètre bloqué par les keufs, et l’infraction a été non caractérisée pour l’attroupement.
En ce qui concerne la dissimulation du visage, l’infraction n’est pas constituée non plus, car il s’agissait bien d’un matériel de protection et non de dissimulation.
Et à propos du refus d’ADN en garde à vue, il se trouve que la dissimulation du visage n’est pas inscrite dans la liste légale (article 706-55) de circonstances justifiant la prise d’ADN.
Il demande donc la relaxe pour tous les chefs d’inculpation, au cas où la nullité ne serait pas retenue.

Le rendu : la nullité n’est pas retenue. Relaxe pour attroupement et refus d’adn, et 300 euros d’amende pour la dissimulation du visage.

 

Procès du 12/11/2019, quatre affaires groupées, sur la manif du 18/06

Tous les 4 accusés de regroupement en vue de etc.
Tous les 4 en CJ interdits de manifs en Hte Garonne.
L’affaire est renvoyée au 10 juillet 2020.
Les avocats n’ont donc plaidé que la levée du contrôle.

 

Proces du 14/11/2019

3 personnes arrêtées le même jour , lors d’un samedi en mars. Une passe
seule, les deux autres ensemble.

1  : violences sur PDAP, attroupement en vue de .

Elle n’est plus dans la manif elle va manger , à arnaud B une lacrymo
lui est jetée dessus. Elle repousse la lacrymo , les flics lui sautent
dessus à 3 puis, un de plus , au final ils l’arrêtent à 5, par terre, la
frappe . Un flic lui passe la main aux fesse et entre jambe. Elle se
débat. Elle se fait frapper et embarquer,  48h Garde à vue. Elle a
refusé d’être jugée en comparution immédiate à l’époque . Entre temps
elle a posé une plainte à l’IGN pour attouchements de la part des
policiers, son avocate a reçu l’accusé de réception et voila c’est tout
il n’y a aucune suite. Les flics vont tenter de lui mettre sur le dos un
jet de cannette , qu’elle niera jusqu’au bout malgré des interrogatoires
en pleine nuit, son avocat commis d’office qui la pousse à avouer un
délit qu’elle n’a pas commis.
Les flics ont même tenté de manière bien vicieuse de mettre une cannette
dans ses affaires.
Le procureur ainsi que la défense demanderont la relaxe pour la
participation à un groupement en vue de commettre des dégradations car
il n’y a aucun élément matériel qui le démontre.

Le procureur et l’avocat des flics vont se baser uniquement sur la
version des flics qui disent ( avec bien entendu plein de contradictions
et de flou dans les différents PV) en gros qu’elle est interpellé pour
un jet de cannette, ou de lacrymo , au final il s’emmêle un peu les
crayons. Son interpellation est faite de manière mesurée : 3 flics lui
sautent dessus , puis un quatrième , puis un cinquième. Elle se débat ,
c’est ça que le proc va pointer du doigt. En se débattant le 5ème flic (
un CRS, avec tout le matériel et un bouclier) va subir « un coup de pied
dans les tibia ». Et c’est pour cela qu’il y a violence sur personne
dépositaire de l’autorité publique.
L’avocat de la défense des flics demande 600€ de préjudice moral pour le
CRS et 800€ de frais de procédure. Le procureur va dans son sens. Et
demande en plus 3 mois avec sursis , interdiction de manif et
confiscation des scellés.

L’avocate de la défense va mettre en lumière la grande confusion du
dossier .
En effet elle est accusée de violence, mais on ne comprend pas bien de
quoi on parle : accusée de jeter une canette ,elle a toujours nié , il
n’y a aucun élément qui le montre et les témoignages des flics sont très
très peu clairs (dans un PV il est juste noté que un flic qui n’est pas
nommé et qui ne témoigne pas « reçoit une cannette » . Cannette qui ne
sera même pas retrouvée. De toute façon ce n’est pas pour cela qu’elle
comparait.
Pour le fait de rejeter un palet de lacrymo, elle a juste pris un
lacrymo dans les patte et repoussé plus loin , est-ce de la violence ?
Pour le fait de se débattre lors de l’interpellation : trois policiers
se jettent sur elle, elle est au sol, un flic lui fait des attouchements
dégueulasses, elle se débat car c’est un réflexe et qu’elle a peur. Pour
les attouchements l’IGPN est saisi mais aucune enquête n’est ouverte.
Elle demande la relaxe pour la violence également car il ne s’agit pas
de violence, voici ce que le flic « victime » en dit «  je protégeais
mes collègues avec mon bouclier je leur tournais le dos et j’ai pris un
coup de pied ». On imagine bien la souffrance endurée par ce CRS qui n’a
absolument aucune journée d’ITT .

Condamnation : Violence sur PDAP requalifié en « rébellion »  2 mois
avec sursis. 200€ de dédommagement pour le flic + 600€ de frais de
justice pour la partie civile ( flics).

2. Le couple jugé ensemble :
A)Violence sur PDAP , attroupement en vue de
B) Outrage et attroupement en vue de
A et B sortent d’un repas, ils sont assis sur des plots dans les allées
jean jaurès . Ils sont entre les manifestants et les flics , les flics
leur disent de dégager . Ils sont bloqués entre les deux, peur de
reculer dans les gazs derrière (ils n’ont pas de masque ni rien) et
devant masse de flics.
Sur ces entrefaits les flics tombent sur B , le soulèvent par la gorge,
le jettent au sol le frappent. A qui voit son copain se faire taper par
les flics va « au contact » c’est à dire s’approche des boucliers et met
la main dessus pour essayer de voir et stopper cela, elle se fera
frapper et interpeller aussi.
Une vidéo sera montrée, filmé par un journaliste. Et visionnée par le
tribunal.
Pour B , accusé d’outrage : Le témoignage du flic est le suivant : «  il
me fait un doigt d’honneur, me traite de fils de pute, je vais pour
l’interpeller, il me met des coups de poing au visage , nous tombons au
sol , il me frappe au sol ». Or dans la réalité , et c’est très clair
sur la vidéo : pas de doigt d’honneur, pas de coups portés par la
personne interpellée, ni debout ni au sol.

Le procureur :
Pour la personne accusée d’outrage , même si effectivement sur la vidéo
on ne voit ni le doigt d’honneur, ni les coups, on ne sait pas si il dit
des insultes . Donc vu que le flic dit qu’il y a des insultes il doit
être condamné.
Relaxe demandée pour la participation à groupement en vue de car pas
d’éléments.
Pour la personne accusée d’outrage : on voit qu’elle ne porte pas de
coups effectivement. Mais elle va « au contact ». Elle ne reste pas
passive à regarder son copain se faire frapper. Donc cela constitue une
violence, en plus il y a une CRS qui demande des dédommagements pour
préjudice moral ( 800€ pour la CRS, 600€ pour les frais de justice
engagés), le procureur va dans ce sens. Il demande en plus 1 à 4mois de
prison avec sursis.
La défense :
Pour l’outrage , le seul élément matériel est le témoignage du flic qui
dit avoir insulté. Or dans son témoignage il dit aussi beaucoup de
mensonges, il accuse notamment la personne de lui avoir fait un doigt
d’honneur de lui avoir mis des coups de poing , debout , puis au sol. Or
tout cela est faux . Lorsqu’un témoin ment on ne peut prendre en compte
l’ensemble de sa déclaration qui perd alors tout crédit. Elle demandera
la relaxe pour outrage et pour attroupement.

Pour la violence sur PDAP . La personne accusé effectivement admet avoir
été au contact des CRS. Mais pour démontrer une violence , il faut qu’il
y ai une intention d’être violent, or là elle n’est allée « au
contact », sans jamais porter de coups , uniquement parce que son copain
se faisait frapper et elle a voulu l’aider. Par commettre des violences
sur les flics.
Il n’y a pas eu de violences sur la CRS qui demande des dedomagements,
ni blessure ni rien. ( pour la petite précision la CRS qui demande des
sous était en 3ème ligne et ce n’est même pas son bouclier dont il est
question … )
L’avocate demandera la relaxe pour violence et participation en vue de.

Rendu :
Pour le mec accusé d’outrage : relaxe au bénéfice du doute. Relaxé
également pour la participation en vue de.
Pour sa copine : condamnée pour la violence sur PDAP : 200€ de
dédommagements +  600€ pour payer les frais de justice de la keuf. 2
mois de sursis en plus.

 

Procès du 19/11/2019 : procès en appel

C. s’est fait arrêter le 12 / 01 / 2019 avec
quelques autres manifestants dans une cour d’immeuble.
Inculpé de Rassemblement en vue de commettre etc. aggravé par les
« armes » retrouvées dans ses poches (deux bouts de métal), il a écopé de
six mois de sursis en premier passage.
Il fait donc appel.
L’avocate plaide un dossier « politique » en arguant qu’à l’époque des faits, en
janvier, le délit de « Rassemblement » n’était pas constitué comme il l’a
été par la loi du 10 avril 2019. Auquel cas ce procès est rétroactif.
Rejet du proc qui ne reconnait pas de délit politique dans une émeute C, qui reconnait sa participation à la manif, aurait été sur les
photos des flics dès le début de l’aprèm et repéré par l’hélico. Il ne
peut donc arguer s’être retrouvé coincé en fin d’aprèm’.
Sur la présence de « clavettes » (goupilles en métal) dans ses poches
qu’il aurait ramassé parce qu’il les trouvait jolies pour en faire plus
tard des bijoux, il se lance dans une démonstration surréaliste comme
quoi lancées avec une écharpe, elles sont aussi redoutables que les
frondes des batailles antiques. (Ce qui provoque l’hilarité d’un des
trois juges et, au passage, est techniquement impossible).
Confirme le délit de « participation armée »  et demande confirmation des
six mois de sursis assortis d’interdiction de manif à Toulouse pour 1 an
et de port d’armes pour 5 ans.
L’avocate plaide la nullité de la CI et par voie de conséquence de
l’appel pour la rétroactivité citée plus haut. Son client a été coincé
par une charge sans sommations. Son « attroupement » se réduit a avoir été
bloqué dans un groupe.
Les photos des flics étant floues, pas de présence avérée de C chez
les « casseurs ». Qui a été le seul déféré sur 25 interpellés à cet
endroit. Pourquoi lui ? Parce qu’il ne s’était pas vidé les poches.
Armes par destination ? N’importe qi peut être armé à ce compte. Elle,
par exemple, peut attaquer la cour avec son crayon ou ses boucles
d’oreilles. Donc délit inexistant.

Délibéré au 18 décembre.

 

Procès du 19/11/2019

M, en comparution immédiate, après 2 nuits en garde à vue et une nuit à Seysses, pour refus de signalétique, participation à un groupement, dissimulation du visage, violence sur pdap sans itt.

Il demande un délai pour préparer sa défense.

Le tribunal estimera que ses garanties de représentation ne suffisent pas à garantir la non réitération des faits.

Procès le 10/12/2019, en attendant il repart à Seysses.

 

Procès en appel du 20/11/2019

A. avait pris 4 mois ferme pour violence sur PDAP, et avait donc fait appel du jugement. Renvoi au 11 février. Parce que l’avocate qu’il avait désignée n’était pas là, personne semblait savoir pourquoi.

 

Procès du 21/11/2019 :

. B, en Mandat de dépôt en date du 14/10/19
. Maitien en détention depuis le 15/10/19
. Chefs d’inculpation : rébellion + participation à un groupement en vue
de… + violence sur PDAP
=> PROC : pour le chef d’inculpation « violence sur PDAP » : la proc parle « d’explications lunaires » de la part de
B, avec un ton très condescendant elle affirme que B présente des
« troubles psychologiques ». Elle rappelle le caractère « difficile et
répétitif » du contexte dans lequel le litige a eu lieu, les
manifestations de GJ (c’est cool, ils ont l’air de vraiment en avoir
marre :). Rappelle la difficulté du travail de la police dans ce
contexte avec un ton assez pathétique. L’acte de « violence » sur le CRS qui se porte partie civile est une aspersion d’eau au
visage à l’aide d’un spray de type produit nettoyant pour les vitres. On
aurait cru entendre une blague. Le keuf a eu un jour d’ITT, sans
hospitalisation. La proc essaye d’accabler B en disant que c’est un
récidiviste, et que ses antécédents « démontrent un rapport difficile
avec la police ». Elle demande que le trib se montre « particulièrement
ferme. »
=> La défense (la plaidoirie n’a rien d’offensif, pas
charismatique du tout, défense de profil, ton victimaire et insiste sur
les remords de B et ses aveux). B reconnaît les faits de violence,
mais pas le reste. Il dit avoir trouvé le spray, pour lave vitres, par
terre et que l’acte n’était donc pas prémédité. Affirme qu’il pensait
que ce n’était que de l’eau et que donc, plus que de la violence, il
s’agissait d’une provocation dont les conséquences n’ont pas été
mesurées. L’avocate insiste sur le fait qu’il n’y a rien dans le PV pour
confirmer la version du CRS (aucun témoignage autre notamment). Elle
demande relaxe pour « rébellion » et « participation à un groupement » mais
pas pour « violence » puisque « a reconnu ». Pour cela elle entre dans une
sale défense de profil en mode « il est né et a grandi dans une bonne
famille, il s’est intégré en faisant des études et en devenant sportif
de haut niveau, mais un jour une rupture amoureuse et c’est la descente
aux enfers. La drogue, l’alcool et surtout la rue. » Elle va même ajouter
que B « n’est pas encore tout à fait marginalisé et qu’il y a donc
encore quelque chose à faire avec lui. » INCROYABLE pour une défense ! Ah, et elle rappelle
que le rapport médical du médecin que le keuf a vu ne fait état d’aucune
lésion et que cette aspersion n’a donc rien de grave qui mériterait une
peine lourde.
. Rendu :
Relaxe pour « participation », pour « rébellion » MAIS coupable de
« violence ».
Peine = 5 mois fermes, 1000E pour le keuf (!), 138, et 600 de frais de justice. Ce qui nous fait donc 1738E!

Synthèse tribunal – octobre

RETOUR SUR LES COMPARUTIONS IMMEDIATES : OCTOBRE 2019 – synthèse mensuelle

Une fois de plus, ce mois-ci aura été synonyme de répression judiciaire.

Comme nous l’avions anticipé avant l’été, un certain nombre de procès de personnes arrêtées dans le cadre du mouvement des GJ n’ont pas pu se tenir durant la période estivale. Et oui, il a bien fallu que la bourgeoisie judiciaire prenne des vacances et aille se dorer la pilule sur la côte pour oublier la dureté de son travail quotidien : reproduire un ordre social qui juge et condamne les prolos, et qui réprime toutes celles et ceux qui n’ont pour seul pouvoir que la force du nombre et le sens de la révolte.

D’autres procès, sur lesquels nous revenons ici, ont fait suite à des interpellations intervenues lors des manifestations qui se sont déroulées depuis la rentrée de septembre.

Voici donc un bref essai de synthèse mensuelle des procès ayant eu lieu durant le mois d’octobre 2019, auxquels nous avons pu assister[1].

L’objectif de notre démarche n’est pas de revenir nommément ni exhaustivement sur les procès mais bien de percevoir les grandes lignes de la dynamique répressive propre à l’appareil judiciaire. Voilà pourquoi vous trouverez dans cet essai de synthèse non pas des noms, des dates ou bien des détails précis sur les procès, mais plutôt des éléments de procédure récurrents et donc identifiables qui peuvent nous permettre de mieux nous défendre, collectivement.

  • Une dizaine de personnes ont comparu ce mois-ci.

 

  • Les chefs d’inculpation (faits reprochés) : rien ne change depuis le début du mouvement et de sa répression. Les personnes arrêtées en manif sont poursuivies pour des motifs récurrents tels que « participation à un groupement », « attroupement en vue de commettre des actes de violence et de dégradation », « dissimulation du visage », « violence sur personne dépositaire de l’autorité publique (pdap) ». Parfois accompagnés de « rébellion » ou de « refus d’ouvrir son téléphone portable », ces chefs d’accusation sont des outils aux mains de la justice pour une répression qui tend à se standardiser. Il est parfois possible d’être relaxé pour certains de ces faits reprochés si des incohérences existent dans l’enquête, notamment lorsqu’on s’intéresse au procès verbal rédigé par les keufs. Ce mois-ci une personne a été relaxée pour « participation à…en vue de » justement pour cette raison. Sur la question de la dissimulation il arrive que des équipements soient saisis par les keufs et que cela suffise à incriminer. On remarque néanmoins que le simple fait de trouver un masque, une cagoule ou autre dans un sac à dos ne suffit pas toujours pour une condamnation. Un des procès de ce mois-ci a malheureusement vu la personne déférée être finalement condamnée pour dissimulation alors qu’une cagoule, qu’elle ne portait pas, avait été retrouvée dans son sac lors d’une fouille. L’avocat de la défense a pourtant plaider l’insuffisance de preuve. Son argument a été écarté. D’autres chefs d’inculpation ont conduit à d’autres condamnations. Il s’agit du « refus de signalétique », « refus de décliner son identité » ou encore « refus d’ADN ». Dans les cas concernés les condamnations ont été légères et sans grande conséquence pour les inculpés puisqu’elles n’ont été que financières. Nous rappelons l’intérêt de ce type de posture face à la police : l’entrave que cela représente pour la machine répressive police-justice, et le fait que l’on ne soit pas ajouté aux multiples dossiers de fichage.

 

  • Les condamnations: sur la dizaine de procès d’octobre aucun n’a conduit à de l’emprisonnement ferme. En revanche tous ont vu tomber des amendes, parfois lourdes, souvent permettant d’augmenter la paye de certains keufs… Certains d’entre eux se portent « partie civile » ce qui leur permet d’engranger mois après mois un joli pactole. Ce mois-ci une inculpée à été condamnée à verser 800 euros à un keuf qui a joué ce petit jeu infame. Elle était inculpée pour « refus d’ADN », « participation à…en vue de » et « violence sur pdap ». En plus des 127 euros qu’elle a dû verser comme tout le monde pour les « frais de fonctionnement » de la justice, elle a aussi été contrainte de verser 600 euros à l’avocate du keuf en question. Si l’on cumule la totalité des amendes des procès que nous avons suivis ce mois-ci on arrive à plus de 2500 euros. Un certain nombre de sursis sont aussi tombés, ainsi que des heures de travaux d’intérêt général (TIG). Quelques personnes ont aussi été interdites de manifestation à Toulouse, et une personne a également été interdite de séjour à Toulouse le samedi jusqu’à son procès. Dans ce dernier cas, le report demandé a été accepté. Autre pratique que nous recommandons : le refus de la comparution immédiate. Trois inculpés ont demandé le report de leur procès afin de pouvoir mieux s’y préparer et ils l’ont obtenu.

 

  • Les remarques des magistrats de l’accusation : certaines remarques permettent de voir à quel point il existe une complicité entre les keufs et les magistrats. Ces derniers présentent les flics comme des « victimes » des violences des manifestants et rappellent leur fatigue, voire leur épuisement (youpi !). C’est aussi de cette manière qu’ils empochent des thunes. Pathétique ! Lorsque du matériel de protection (masque, lunettes, gants, etc…) est retrouvé dans un sac ou sur une personne lors d’une fouille, le procureur, le juge ou l’avocat des keufs parle de « l’attirail du casseur ». Ce sont souvent ces éléments sur lesquels les magistrats s’appuient pour motiver le chef d’inculpation « participation à…en vue de ». Enfin, dans un des procès de ce mois-ci, le procureur à justifié l’utilisation de gaz lacrymogènes par les keufs en parlant d’une « foule hostile » n’ayant rien à voir avec de « simples manifestants ». On comprend bien le paysage mental dans lequel les magistrats se trouvent pour pouvoir affirmer des choses pareilles. Pour eux, les keufs ont raison, un point c’est tout. Malgré tout cela, certaines remarques, voire certaines prises de position de camarades inculpé-e-s montrent qu’il est encore possible et parfois efficace de tenir tête à l’appareil judiciaire et ainsi d’établir un rapport de force qui gêne la répression.

 

  • Remarques et prises de position des inculpé-e-s : parmi les quelques interventions qui font bien plaisir on se rappellera le « refus par principe » de donner son identité, son ADN ou encore de se soumettre à la signalétique (photos et empreintes). En plus de cela on se souviendra de l’évocation du caractère « liberticide » de la loi anticasseur évoquée par une inculpée, ainsi que l’affirmation de la légitimité à manifester et à exprimer sa colère dans le climat politique, social et économique actuel. La demande de report de procès (refus de la comparution immédiate) lorsqu’il a été demandé et accepté s’est aussi fait de manière ferme et sans courbette, ce qui montre que nous sommes en droit de s’opposer à la justice mais surtout que cela est possible et peut être profitable. Enfin, on regrettera certaines défenses de profil qui ont conduit certains et certaines à se dissocier du reste des manifestants en mettant en avant une situation personnelle, professionnelle notamment, qui les valorise. On sait, par expérience, que ce type de défense ne mène que rarement à la relaxe et qu’il ne possède donc aucun intérêt particulier.

 

 

C’est tout pour ce mois-ci !

Merci de nous lire et de partager.

 

La Défense Collective de Toulouse.

 

 

 

 

 

[1] Sous réserve d’avoir manqué des procès dont nous n’avons as eu connaissance.